Sous l'épée du texte de service ...
I.
Sur le dos, les oreilles sous l’eau iodée, je m’entendais respirer et vivre.
La sensation était fort ontologique : j’existais. Et j’oubliais le visage menaçant de ce personnage qui promettait de raser. J’oubliais les morts, les enfants terrorisés, les femmes souillées. J’oubliais l’horreur. J’oubliais l’autre fou qui, placide, prenait la parole pour dire que la région sera définitivement rayée de la carte …
Je m’entendais respirer et vivre et j’oubliais que les politiques sont des monstres et qu’ils prétendent s’exprimer au nom des peuples. Les politiques doivent être arrêtés et enfermés. Des Fous grisés par le pouvoir, des esprits courts, vite oublieux des valeurs et qui tombent rapidement dans les surenchères de la violence. ( 14.10.23 )
II.
Canaan, une terre comme une autre où vivaient des « ethnies ». Des êtres humains en somme. Au II ème millénaire avant J.-C.
Les Cananéens ne se savaient pas cananéens, les noms viennent toujours après.
Toujours est-il qu’ils vécurent tous ensemble, eux, les autres, les voisins, ceux de la source …
Les conditions difficiles, la famine ont toujours été à l’origine des déplacements. Parce que, seule, la survie importe aux êtres vivants, elle seule. Question d’instinct de conservation.
Et puis, ils crurent bon de faire valoir un argument d’autorité : L’Éternel.
Au nom de L‘Éternel.
Ils sont les fondateurs du monothéisme 1500 avant J.-C.
Eux, c’est-à-dire nous tous, à ce moment-là.
Le groupe se scindera plus tard, avec le christianisme après la naissance de Jésus, en l’an 1 et l’islam, 622 après J.-C.
Et la famine fut mise de côté pour édifier Son histoire. Chacun, à sa période, se mit à l’écrit. Se mit à ériger et à soumettre. S’ensuivirent rapidement les tribunaux, l’apostasie et la mécréance.
Nous sommes un pied dans l’histoire, l’autre dans le mythe, les deux dans l’archéologie passée et présente, qui seule a la parole juste.
III.
Le bruit des bottes se fait entendre. Abominable.
Nous avions fait la sourde oreille, le temps d’un temps léger et heureux.
Cela faisait bien longtemps.
La terre est à tous et la propriété est vol. Il l’avait bien compris, lui, le penseur et le théoricien.
Pas les autres. Pas les hommes assez globalement. Posséder les domine, les fait haleter, les fait commettre les pires exactions et au final, ils partent et n’emportent que leur linceul, pour les meilleurs.
Et il pleut le viol, les enfants torturés et tués.
Et manifestation rageuse de force extrême en riposte. Et il pleut des morts, des blessés, des enfants au plus mal, des déplacés, sans nourriture, ni eau, ni aide acheminée.
Cinq semaines de destruction, de mort, de bombes, de chars …
L’homme rase l’homme sur une terre qui n’appartient à personne dans l’absolu, qui appartient à tous, qui appartient aux deux, en réalité, depuis Canaan, où dans laquelle vécurent les deux, à l’époque où la notion d’État n’existait pas, où ils étaient voisins. Ceux de la montagne, ceux de la source.
Les puissants stratèges, la force financière, la loi du plus fort, les pogroms, les Grandes Guerres, l’ignoble holocauste, la culpabilité des États totalitaires, le suprémacisme, et bien avant et toujours, le mythe devenu argument d’autorité, devenu sommation divine sont au cœur de ce conflit - sans fin visiblement - où deux groupes ont décidé de s’élimer sous les yeux du monde, silencieux, hypocrite, complice …
Le monde qui continue à berner avec des slogans d’un autre temps afin de ne pas voir ce qui se passe aujourd’hui, afin de baisser les yeux devant l’évidence, afin de dire qu’il paye son tribut aux victimes d’hier devenus bourreaux aujourd’hui. Parce que les victimes d’aujourd’hui ne représentent pas une force imposante, parce qu’elles ne pèsent pas dans la balance mercantile.
Pourtant, il n’y a que la Paix qui vaille. Il ne s’y était pas trompé.
Le seul combat à mener.
Sur une terre, lot de tous, où seuls le consensus, les lois, leur rigoureuse application, le respect qui leur est inhérent comptent.
Les hauts stratèges et les politiques en sont les responsables avec leurs démarches d’instrumentalisation de tout et de n’importe quoi pour asseoir leurs diktats financiers.
Parce qu’en vérité, il n’y a que cela.
Un monde fou et sanglant où le civil n’a jamais pesé lourd. ( 13.11.23 )
IV.
Toute la lumière que nous ne pouvons voir
A.Doerr
Un souffle puissant, une sensibilité à fleur de peau, un humanisme profond et un texte d’actualité. Parce que les mots sont le remède de tous les maux.
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