1er et 3 juillet
1.
Ce fut les quatre jours de ma vie les plus regrettés. Parce que ce n’était pas moi. Parce que j’ai perdu un ami.
Il m’avait appelée. Sa voix me parvenait d’outre-tombe ou presque. Son discours haut en émotions disait la vacuité de la vie, son non-sens complet, le dérisoire de l’existence.
- Nous ne sommes rien, hurlait-il. Rien !
Il faisait quinze kilos, rongé par le mal tueur. Il mourrait. Je ne le pus pas, c’était intenable. D’aller le voir.
2.
Dire les choses n’est pas chose aisée. J’ai une détestation totale du mensonge, des faux-semblants, de l’hypocrisie et je chasse sans aménité. Quelquefois, par politesse et par gentillesse, on entr’ouvre la porte, un peu, et on la referme vite fait. Parce que les êtres de vérité sont rares.
Évidemment, au quotidien, pour moult raisons, on s’entrecroise, on communique, on coopère et aucune exigence n’est de rigueur. Certains se fourvoient et le tout est de fixer les choses, souvent même sans mot. Que voulez-vous, le discernement n’est pas la chose la mieux partagée ! Et nombre de sociétés sont insupportables de préjugés et de sexisme.
Je sais faire, d’une main intransigeante.
Il y a le travail et la vie, ce n’est pas comparable. Les lignes sont - normalement – claires, bien tracées, mais il y a l’exigence de la compréhension spontanée des choses.
Enfin. Juste anecdotique et on passe sa route après avoir mis de l’ordre.
Pourquoi, oui pourquoi, l’être humain est-il si faux ?
3.
5 heures du matin. Une journée claire. Pourtant.
Je l’appelle, elle ne réagit pas. De la bile sur le sol, des humeurs … Elle respire encore. La bouche ouverte. Les mouches lui tournent autour. Insupportable.
Je lui mis de l’eau sur le visage.
J’appelle le véto. Pas de réponse.
A partir de là, je commence des va-et-vient. Intérieur, extérieur … Je ne me saisissais plus, quelque chose prit possession de mes articulations. Je ne pouvais pas la toucher. Elle respirait difficilement, les yeux ouverts. Je crois bien que je pleurais. Je me rappelle d’elle, enfant, quand elle tentait de descendre la marche. Elle ne savait pas faire et le jour où elle y arriva, contente, elle passa la matinée à le faire. Je retourne vers elle. Elle respirait encore, difficilement.
Je fis quelque chose de laid ou d’humain ou de mécanique ou je m’inscrivis dans la vie … je mis sous clé des choses personnelles qui étaient moi, de très près, qui me disaient … au cas où je partirais, pareil, vite fait dans le silence et la soumission. Or, toute ma vie, je détestai la soumission. Et je l’ai vue soumise.
Hier, on avait joué ensemble, un peu, pas beaucoup. Je lui avais dit que je l’aimais, qu’elle était vieille, mais qu’elle était toujours mignonne. Les mêmes gestes, sur la tête, de petits bisous, les mêmes à distance. J’adore les animaux, je les sens, je leur parle et ils me comprennent. Je suis sûre. Mais je n’étais pas du genre à baver dessus ou à les mettre dans mon lit. Ce n’était pas moi. Je suis une dingue de l’hygiène et je ne supporte pas trop le contact physique. Mais elle avait tout ce qui lui fallait, absolument tout. On passait du temps ensemble le matin et le soir et on communiquait. La pause biscuit.
Elle gisait par terre et je pensais à son dîner du soir. Je lui ai commandé des boîtes hier et je lui donnais de la viande depuis une dizaine de jours. Elle adorait la viande. Je crois bien que j’ai besoin de dormir. Je ne suis plus maîtresse de moi depuis cinq heures du matin et mon rationalisme refuse catégoriquement de me répondre. Il devra se manifester celui-là. Il devra.
Repose ma belle 🌹
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