dimanche 31 décembre 2023

Je vous souhaite des mots à n'en plus finir ...

 






Allons-nous pouvoir dire adieu à tout ce qui est abject ?

Une nouvelle ère de paix sera-t-elle possible ? 

Les voix folles, belliqueuses, vénéneuses se tairont-elles ?

Les stratèges, cesseront-ils d’œuvrer dans l’obscurité pour la disharmonie du monde et des êtres ? 

 

Rien n’est plus utopique que ces interrogations.

 

 

Il reste l’humanisme qui unit les êtres de respect et de conscience, d’art et de liberté que nous sommes nous, les adeptes du Beau, de l’art et de l’esthétisme le plus pur et le plus éclatant.

 

Je nous souhaite des mots forts à n’en plus finir, des signifiances riches, des mélodies douces, de l’art fougueux et emporteur, des récits puissants de vie et d’enseignements, un bien-être personnel et émotionnel, des checkups de prévention biannuels, de la mouvance corporelle d’assouplissement et de longévité, des gestes à l’égard des autres en peine et en silence ...

 

Merci à mes lecteurs de par le monde, je vous sais gré.

 

Heureuse nouvelle année à vous tous.

🍀






samedi 30 décembre 2023

Écrire Mme Halimi












I.

 

 

23h33, elle appella sa Mum - comme elle aimait l’appeler - alors que d’ordinaire les appels s’arrêtaient à 20h. 

 

-       Mum, j’ai eu 18 au partiel de Mme B. ! exulta-t-elle. 

 

Le bonheur ! Et tant pis pour le timing convenu, lui dit sa génitrice. Sa petite devenue grande, si fine et si perspicace. Elle comptait les palmiers en quittant son pays et en allant rejoindre sa mer de l’autre côté de la Méditerranée. 

 

-       Il me la faut pour mes yeux, ma tête, mon humeur et mes pensées insistantes, disait-elle aux siens.

 

La Mum connaissait l’incroyable sensibilité de cette jeune personne, sa capacité à lire les êtres et les plus infimes expressions faciales. Elle avait choisi la littérature alors qu’elle aurait pu faire psychologie ou droit, ou journalisme, ou criminologie ou histoire ou danse ... Évidemment la littérature. Une affaire de famille, de plume, de combat, d’implication, d’amour, d’amour infini …

 

Son travail de recherches recèle de références fort intéressantes, personnelles, familiales, sociales, politiques, nationales, historiques … Et cela vous prenait par la main et vous emmenait loin, loin … Un tourbillon que l’art de dire chez cette étrange jeune fille. 

 

PDA, comme l’appelait sa mère, perdit son géniteur un soir de 2011 alors qu’elle était en soirée pyjama chez Évane B. une amie d’école. Il l’autorisa à y aller et quelques heures avant son départ, il le regretta.

 

-       Où est-elle ? Où est-elle ?

 

Et il partit sans l’avoir revue une dernière fois et elle eut du dégoût pour la nourriture pendant longtemps et ce, jusqu’à devenir filiforme, tant elle vit la famille et les amis s’empiffrer lors des différentes cérémonies funèbres. Et il partit en vrai « prince », lui le militant, le rebelle, le progressiste, le moderniste, habillé de roses blanches, de toutes parts.




 

 

II.

 

 

Il ne s’aimait pas, parlait peu et vivait dans une solitude psychologique. Quand il lui arrivait de sourire, il y mettait fin, vite fait. Il avait pourtant un charme irrésistible. 

 

Cloîtré en lui-même. Et c’était ce qui le définissait le mieux. Et il s’emplissait de savoir, d’instruction, de connaissances, de lectures … Un amour de la chose savante, mais pas que cela. 

 

Il suffit de ne pas s’aimer pour ne pas pouvoir aimer les autres. On s’y attelle au début, on y met toute son âme ( ce mot n’a aucun sens en vérité. C’est une invention religieuse. Pour berner. ) on se le rappelle au quotidien … Et après, la force s’amenuisant, la conviction battant de l’aile, on se remet à se détester avec la même colère du passé, la même rage restée intacte durant l’intermède. Et commence le travail de sape, laborieusement.

 

Debout devant la mer, les mains dans les poches, il se tenait assez loin des siens et il affichait sans s’en rendre compte une expression de dégoût. Et il se disait au fond de lui-même que le soleil lui faisait plisser les yeux. Pourtant, ce n’était pas du tout la même chose.

 

En voiture, il grognait sur les airs musicaux qu’il trouvait répétitifs, lassants et sans saillie ni créativité et il reprenait la même expression de dégoût.

 

Plus le dégoût s’installait plus, plus il s’enfonçait dans le silence.

 

Un soir qu’il était plongé dans une solitude psychologique extrême, entièrement dans les griffes de ses obsessions crépusculaires, il se leva d’un bond et sortit dehors respirer l’air frais du soir.

 

-       Je suis mal, se dit-il. Je suis mal.

 

Qu’avait-il de si lourd à porter ce quadragénaire tourmenté ?

 

-     Je suis rattrapé par ce vieux chien galeux, par cette boue indécrottable, par la puanteur alentour, par cette aridité de tous, par ce silence ancestral haïssable, par cette douleur ancienne, lancinante … Ils m’achèveront.

 

Un passé très lourd, d’autant que les mots buttent. Un passé froid, laid, des êtres d’impuissance et de faiblesses. 

 

-       Non, je ne veux pas être le roi désigné. Non, je ne veux pas traîner le rocher de Sisyphe. Le trône édifié est une duperie. Nous le savons tous. Et vous le savez. Oui, vous m’avez eu avec vos appels répétés, vous m’avez volé ce que j’ai de plus cher. Alors même que je voulais valser avec les étoiles.

 

Il ferma les yeux et s’endormit. Définitivement. 




 

 

III. 

 

Mme Halimi

 

 

Je m’appelle Zein et je suis née dans la bouse. Elle déteignit sur moi, durant ma grande enfance, mon adolescence et mon grand âge.

J’eus donc droit à une accalmie de quelques années.

 

Mes bottes étaient engoncées dans la boue aux trois-quarts et mon haut de corps s’impliquait entièrement pour me faire avancer. Ma motivation aussi. J’allais à l’école, ce lieu magique où mon esprit se plaisait à s’étirer pour mieux grandir.

 

Mme Halimi m’accueillit avec un petit sourire, mais je devinais son grand cœur.

 

-      Bonjour Zein, répartissez les cahiers sur les pupitres. Suivez le plan de salle d’aujourd’hui.

 

Mme Halimi décidait chaque début de semaine d’emplacements nouveaux. Elle mettait côte à côte filles et garçons, pauvres et riches, studieux et rêveurs, parce que dans la vie c’est ainsi

Je ne comprenais pas toujours ses raisons profondes, mais je les mettais de côté pour plus tard, quand je serais plus à même de saisir la vie.

 

Cette longue Dame longiligne et droite dans ses bottes - dans les deux sens – était, alors, la plus importante à mes yeux. J’avais ma mère et puis elle. Et ma mère pouvait attendre, pas Mme Halimi.

 

Un jour que les mots se débattaient dans ma tête à cause de leur grand nombre, mais aussi de leurs sens approximatifs ou devinés, elle mit entre mes mains un thésaurus, un lexique auquel aucun sens ne résiste et ce fut pour moila porte grande ouverte des mots et des sens que je passerai ma vie à combiner pour rapporter les choses, la nature, les êtres et les situations. Et surtout les silences. 

 

Cinquante ans plus tard, je donnai rendez-vous à mon ami fou au parking d’un magasin pour lui demander son avis sur la littérature des exclus silencieux et sur la situation du pays. 

 

-      Il y a une littérature, me dit-il, une seule. Quant au pays, le combat est le même entre ceux qui ne lâchent pas et ceux qui accaparent. 

 

Je ne fus pas convaincue, c’était laconique, ramassé et assez schématique.

 

-    Ce sont des êtres à la sensibilité exacerbée, des êtres de silence, d’exclusion, d’auto-condamnation, de souffrances multiples. Je vous parle de ceux d’hier, des êtres troubles. Pas des vociférants en pulls résilles d’aujourd’hui. 

 

Je ne fus pas convaincue, du tout. Ce fut plat. 

 

Et cette rencontre décidée était le résultat direct de l’enseignement de Mme Halimi. 

( À suivre )













vendredi 22 décembre 2023

L'étrange histoire de Lady Lou, 2

 






-       Dans l’absolu, rien ne nous est imposé. Que voulez-vous que je vous dise ? Si plus rien ne vous unit, pourquoi prolongez-vous ce qui s’apparente à un calvaire ? 


Le regard social existera toujours, dans tous les cas. Pourquoi en faites-vous une priorité ? Le tabou, évidemment. N'est-ce pas ?


Les vraies questions sont les suivantes : Êtes-vous indépendante financièrement ? Êtes-vous autonome ? Êtes-vous prête à vivre seule ? Un homme est-il indispensable à votre vie ? Votre psyché, votre miroir intérieur est-il suffisamment solide pour accueillir un changement radical de votre vie ? 


Et puis, vous dites supporter cet « être de trahison » depuis pas moins de trois décades ? Pourquoi ? Et pourquoi est-ce lancinant aujourd’hui ? 


Vous parlez de haine. Soit, vous la remplacez par l’indifférence et vous continuez une route entamée aux trois-quarts, comme vous disiez. Et vous arrêtez de vous harceler et de le harceler. Soit, vous continuez à vouloir souffrir. 


Maintenant, demander à votre aide de le masser n’est pas un viol avéré ni n’est infidélité un bonjour à la voisine, aussi mielleux soit-il.

 

 

Tout en lui répondant, la psy observait ses expressions faciales, jusqu’aux moindres. Elle voyait le naufrage émotionnel, un mélange de désarroi, de peur, de colère, de haine, d’yeux interrogateurs … Un bouillon émotionnel. C’était le moment de dédramatiser.


 

-     Et puis, franchement, tout cela est-il si grave que cela ? Considérez-le comme un étranger et ça fera baisser toutes les tensions. Focalisez sur le positif qu’il a en lui. Il doit bien y en avoir. Et puis, faites ce que vous aimez. Concentrez-vous là-dessus. Arrêtez de faire focus sur la personne, sur la vie à deux. Plus de trois décades, dites-vous ? Il y a d’autres choses dans la vie, si vous aimez vivre. Éloignez-vous de tout ce qui vous gêne.


 

Elle réfléchissait.


 

-       J’aime la stabilité et je ne l’ai jamais eue.

-      Votre stabilité peut se faire avec vous-même, si vous vous y mettiez ou avec une autre personne. Laquelle préférez-vous ? Choisissez. Et puis, je vous le répète, il y a bien pire dans la vie que le simple fait de vivre avec un homme glissant. 


 

Elle quitta. Pensive. Il restait une source de revenus. Pour le reste, elle ne savait pas décider ni trancher. 

 


En réalité, elle voulait un schéma familial qui convenait à la société, celle dans laquelle elle vivait. Un couple heureux, se tenant par la main devant tous et se déchiquetant dans l’intimité. Elle parlait mielleusement en société, lui faisait des regards langoureux et, lui, suivait docilement jusqu’à l’opportunité où, seul, il tentera de voler des instants à lui et d’être dans la malhonnêteté, joyeusement. 


Des couples en mauvaise santé, où l’estime de l’autre était manquante, où la marge personnelle était inexistante, où la femme écrasait - ou inversement - et où l’homme relevait la tête une fois seul, par perversion. Ou encore des couples en franche détestation qui continuaient pour un bien en commun ou encore des désunis complets qui ont choisi des voies autres et qui croupissaient sous le même toit pour des raisons financières ... Désolation complète. 


Triste institution que le mariage quand les choses, la vie, en arrivent à un tel degré de laideur et d’interdépendance pathologique. Ce n’était même pas le pire, il y avait aussi l’ennui profond, la tristesse, le dégoût de l'autre, la haine, l’incapacité d’agir afin de se libérer du joug de la bien-pensance ... 


Pas si étrange que cela l'histoire de Lady Lou, celle de nombreux couples qui ont peur de la solitude, par-dessus tout. Son sourire d'antan devint un rictus malgré ses efforts de fabrication.











dimanche 17 décembre 2023

L'Etrange histoire de Lady Lou

 Il est temps de revenir aux mots







Dans notre si belle époque, lol, xd, ptdr deviennent des mots-phares en communication. 

Que c’est beau ! Pourquoi s’étonner de se sentir étranger ? 


C’est un mélange de constat, d’analyse et de dégoût, mais cela ne devra pas durer puisqu’Ontos exige de vous un objectif existentiel, voire un esthétisme sine qua non à votre propre continuité. 


Autrement, nous sommes tous des vers de terre, chacun sur sa route.












 

 

 

L’Étrange histoire de Lady Lou

 

Voilà une bien jolie fille, avec une silhouette fine et assez longiligne. Elle avait un sourire charmeur et une bouche rieuse et généreuse. Dans sa verdeur, elle était toute tendue vers la connaissance de la vie et de l’amour avec un appétit appréciable. Avait-elle quinze ans ? Dix-sept ans ? 


 

C’était si loin et si peu important au final comme tellement d’autres choses. L’adolescence, les hormones, cette force de l’être et du corps en ce temps particulier nous propulsaient - nous propulsent - vers la curiosité, la découverte des expressions physiques incontournables et dévorantes et on place l’amour au-dessus de tout. 


 

Les mots sont si nombreux, leurs combinaisons illimitées, 


les époques plurielles, 


notre évolution psychique si vraie, 


le déterminisme silencieux, indubitable, 


que l’on peut dire aujourd’hui, 


parce que les seize ans sont bien loin, 


que l’amour est l’amour de soi, 


que le corps a besoin de s’exercer, sous la poussée des pulsions, ensuite du désir, et puis du recommencement. 


 

L’amour, ce mot si trouble, si fondateur, tellement régénérant, l’amour physique principalement, et d’en faire son moteur de vie. Les trois-quarts de notre vie y passent et on se rend compte, sur le tard, que nous avons beaucoup souffert, beaucoup pleuré, beaucoup gaspillé d’énergie pour un fonctionnement corporel qui n’est pas l’entièreté de l’Existence. 


 

L’âgisme, dit la psychologue à son psychotique, fou et génial en même temps. Paradoxal, mais pas tant que cela. 

 


Dans les années 2000, elle avait une cinquantaine large et Lady Lou se débattait dans la boue. Avec sa psyché de seize ans, chaotique, mais avec la curiosité de l’amour en moins. C’était une personne avec un esprit en pièces de puzzle absolument pas ajustables, en morceaux, dépareillés, disparates. Son regard avait au fond de ses prunelles quelque chose d’égaré, de perdu, d’imprévisible.


Elle buvait toutes les tragédies de la vie comme un buvard d’encre et n’avait pas toujours la latitude de les nourrir de philosophie. Ce n’est jamais très aisé d’admettre l’absence physique de ceux qui ont été des piliers dans nos vies, convenons-en. Mais la force de l’homme réside, précisément, dans sa capacité à avancer, à fabriquer du sens, à nourrir sa vie, à se propulser, à ne pas quitter la partie … tant que la machine continue à fonctionner à peu près correctement. 


Sans cela, toutes les libertés sont envisageables, même les moins belles. 


 

Lou était un être d’égarement, d’inconscience et de chocs non amortis. C’était ainsi.


 

Un jour, elle prit rendez-vous avec sa psy et lui confia d’un trait sa vie avec l’homme qu’elle aima par-dessus tout. Un ton haletant, des mots comme des coups de marteau sur son propre crâne et une émotivité extrême.







"

Je suis liée à un être tout enduit d’huile. Je vis des coups depuis mon plus jeune âge et je ravale. Un homme de trahison. Jusqu’à la seconde, à laquelle il demanda de lui enduire son dos souffrant de crème apaisante. Jusqu’à la voisine qu’il couve des yeux, en l’aspergeant d’un bonjour mielleux tous les matins. Mon amie d’antan qu’il tenta de piéger, mais qui ne lui accorda que peu de choses à mon avis. Elle avait saisi sa puérilité, je le crois. 


Il voulait exister contre notre accord de base, de respect et de fidélité. Je ne suis pas très équilibrée, j’ai souffert, mais j’ai été une vraie épouse et une bonne mère dans mon désordre global. 


Je veux tout casser, mais le regard social est une épée coupante. Je suis harcelée et j’harcèle. 


Comment continuer ? Comment partir et poursuivre le un-quart de route seule ? 


La première fois, j’avais trente-cinq ans, j’étais belle et j’avais de beaux enfants et il avait besoin de croire en lui. C’était lancinant. Et puis, ces hommes ! Détestables avec leurs cervelles valsantes ! Tout ce qui lui importait, c’était de se sourire à lui-même, je suis quelqu’un, un séducteur et un tombeur … Le mensonge fait partie de son tissu épidermique, complètement ! Tout ce qui l’anime, c’est le besoin de regardez-moi-je-passe, regardez-moi-je-suis !


( Elle déglutit et reprit de plus belle )


Notre relation est haine complète, dégoût, mais aussi besoin de vengeance. Je ne peux plus faire semblant et je l’ai fait presque toute ma vie. Je suis déséquilibrée, mais il l’est aussi depuis plus d’une décennie. Je n’en peux plus ! "










 

La psy ne savait pas trop quels mots choisir. Elle faisait mine de s’approfondir sur le propos, dans le silence. Mais en vérité, c’était tellement clair à ses yeux. Un homme demandant à une jeune aide de le masser, c’était illico à la benne de la petite histoire. Mais elle avait en face d’elle, une femme dans la fragilité extrême, l’émotivité imprévisible et elle était formée pour dédramatiser et mentir. 


Certaines cassures sont fatales, pensa-t-elle, en son for intérieure. les Braves sont extrêmement rares. 


Qu'allait-elle lui dire, sans un millimètre dans la distanciation requise ?



 

                                                                                                        ( A suivre )