- Pourquoi êtes-vous si ému ?
- Cela m’arrive de plus en plus. Mon capital émotionnel s’érode. Tout un branle-bas …
- Vous en connaissez les raisons ?
- Oui … le changement de saison, la lourdeur de septembre, la fin d’un périple estival mouvementé …
- Ce n’est pas exceptionnel.
- Ce n’est pas l’essentiel non plus.
- Dites toujours. N’est-ce pas pour cela que vous me payez ?
( Sourires )
- Il y a des choses difficiles à déterrer. Le compromis entre soi et soi ne répond pas toujours. Pudeur, peur peut-être, résolutions ébranlées d’un coup …
- Mettez des mots ordinaires sur vos profondeurs lancinantes.
- Tenez ( rire ), vous parlez imagé à votre tour !
- J’adapte.
- Oui, des relents. Tout est manque amniotique ou ses ersatz non moins essentiels. Et puis la grande question de l’authenticité et de la confiance. Cette dernière exige une rigueur psychologique. Imaginons que ma meilleure amie soit chaotique sur le plan relationnel privilégié et que subitement, elle se rappelle de moi et de mes exigences ? Je ne peux lui accorder du crédit, mais sa survenue me vide émotionnellement.
- Imagination ou réalité ?
- Je vous ai dit « supposons » !
- Pourquoi suppose-t-on de l’inexistant ? Pourquoi vos exigences sont-elles fort ressemblantes à celles des personnages mythologiques ? Si vous quittiez un peu votre tête ? Regardez le réel. Acceptez les déceptions, les traîtrises, la normalité … L’humain n’est pas Hercule ou Héraclès ou Œdipe. Il n’est pas non plus Nietzsche, Joyce ou Dali !
- Vous oubliez Marie Curie, Beauvoir, Duras, Nawel El Saadaoui …
- Je voulais vous signifier que votre monde intérieur est exceptionnel et de le plaquer sur le commun des mortels est peine perdue.
- Je vous parle de ma meilleure amie, ce n’est pas l’épicier du coin !
- Et bien, fréquentez-le, un peu, justement.
- Ce ne sera pas moi. Ceci dit, je le salue toutes les fois que je passe devant son commerce. Il y a un monde entre la courtoisie de base et l’amitié.
- L’épicier du coin vous sortira un peu du ghetto de la pensée spinoziste, de l’esthétique daliesque folle …
- Je suis aussi un lecteur de Zola et, dans une autre mesure, de Romain Gary vous savez. Mon monde est définitivement en moi. Et quand je suis au dehors, il est en moi et je me tais. Au revoir.
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