samedi 3 avril 2021

Mon hippocampe et ma Bleue

 


                                             Ma Bleue  

                                                                 
                                                                                        Au soir


Mon hippocampe fait 1400 kms de côtes. Splendides parce que la Nature est belle incontestablement. Le buste haut levé, un petit corps vigoureux, onduleux qui enlace d’un bras la Méditerranée. Petit pays qui reçoit la Bleue à bras le corps, qui y nage et s’y délecte. Magnifique. Ses senteurs et sa brillance au soleil vous envahissent dès l’instant où vous y faites votre nid. Un jour ou mille. Inoubliable. Voilà pour l’hippocampe bleu et blanc à la lumière rare.


                                 

                                                                  Fell*


 

L’hippocampe a enfanté de belles et grandes bêtes mais des nuls aussi, beaucoup de nuls. Et cela jure avec la splendeur de l’hippocampe, son ouverture sur la Bleue, sa rare exposition et sa liberté naturelle. L’hippocampe souffre de la sclérose de ceux dont les pas lourds, boueux et stupides la heurtent tous les jours. Vindicatifs, opportunistes, caverneux, courts de vue, étriqués, engoncés dans des mythes lointains et étrangers, malhonnêtes, truands, irrespectueux de la nature, du vivant, du végétal … 


Beaucoup de laideur, de barreaux, d’étroitesse dans un bout de terre enchanteur. L’hippocampe et la Bleue méritent mieux que ce désordre, cette manière d’être à vau-l’eau, cet irrespect de l’ordre et de l’organisation, ce refus de porter haut la couleur sociale, le bon déroulement du cours d’eau. Et ça grouille, ça jacasse, ça déblatère, ça blablate, ça jaquette … Du vent et des nœuds personnels vieux de plus de 60 ans, bien plus assurément. La boîte de Pandore, la porte ouverte aux quatre vents, les bourrasques de toutes parts … Conséquence logique, oui, mais qui prend trop d’ampleur, de temps et les dégâts sont nombreux.

 

L’hippocampe et la Bleue ont besoin de leurs meilleures bêtes même si le possessif « leurs »  n’a pas beaucoup de sens dans l’absolu. 


- D’accord, entendu, très bien, leurs meilleures bêtes, en imagination, en stratégie, en savoir-faire, en ingéniosité, en droiture, en esprit perspectiviste, en ouverture, en vrai progressisme … 

 

Voilà une Bleue destinée à être domptée, aujourd'hui - comme avant-hier - à être spoliée, pire à être considérée comme un dépotoir. Un rapide balayage d’un passé proche, nous fait monter à la surface de la sénilité sur le tard, des épouses en mal d’amusements, une nièce, une maîtresse cupide … Ou bien l’âge des terres en main est extrêmement court, ou bien les réalisations sont bien en-deçà, ou les calculs d’épicier ont primé ou il y a la volonté silencieuse de laisser dans la précarité ou, comme partout, il n’y a que le mensonge qui vaille … tout cela et bien plus.

 

Un hippocampe et une Bleue en souffrance et qui méritent tellement mieux. 

Aujourd’hui, l’heure est au leurre, à l’ignorance, aux mensonges divins. Nous sommes à l’heure du commerce des indulgences du Moyen-âge, comparativement. En espérant un schisme comme celui de l’Église d’Europe. 

 

Vivre dans l’hippocampe, mis à part le spectacle de La Bleue est une respiration saccagée, une migraine intermittente. Esprit obtus, réflexion consciente inexistante, soumission complète à la facilité, esprit critique quasi inexistant, vue monochrome, pensée amorphe, intolérance …

 

Un moyen-âge spirituel où le confort réside dans le Même, le sentier battu, la pensée figée, le discours unique. 

 

Pourquoi à mi-chemin de sa vie accepter cette résistance aux changements et la considérer comme une fatalité ?

Pourquoi être acculé à s’enfermer, à faire semblant, à adopter une attitude de routine pour passer son chemin, à se dire fatalement « c’est ainsi » ?

Pourquoi ne pas multiplier les incidences afin que le cours d’eau se diversifie et qu’il emprunte des directions autres ?

Que font nos meilleurs trentenaires à part vivre et roucouler ? 

Où est la conscience des plus avertis ? Est-elle en exercice ? 

 

A l’heure du Scribe, des pas lourds de savates boueuses.

Des solitudes d’études.

Des absences coupables.

Des pseudo-modernistes contraints de théoriser sur le comment de la cuisson des pâtes al dente.

Des expatriés pressés de vivre en toute liberté.

Des silences de couards.

Des gueux méchants, tordus et creux se taillent des portions aux dimensions de leurs insuffisances multiples.

Une école dépouillée, squelettique, qui fait réciter des pages de poussière dans un silence de sieste et de torpeur spirituelle.


 

L’hippocampe et la Bleue beaux comme toujours en ce spring annonciateur de couleurs vivifiantes souffrent de pas lourds agressifs, de mains coupables de saleté, d’apathique généralisée, de maux humains coriaces et aveugles. A mi-chemin, une oppression thoracique.



                                             Bruits cassants


                        
                                                       Passion olfactive


*Fell ou jasmin d'Arabie bien loin de la péninsule arabique, plante asiatique d'origine ...
Jasminum Sambac.

 

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