vendredi 29 août 2014

Eva. III.

III.

Y aurait-il en chaque homme une Eva ?

L'après-mère immédiate ou peut-être même cette part de la mère que l'on ne saura jamais et dont on rêve quelquefois ... Mais non certaines idées ne sont pas autorisées mais vraiment pas ! Eva au déhanchement effronté, femme sans conscience ou presque. Elle vécut en hurlant sur toute velléité de remontrance, arrachant les moments de vie à la force du bras. Eva la délicieuse, aimée presque autant que la mère au regard de la dextérité de ses mains et à tous ses enseignements silencieux, quelquefois brutaux.

 - Du feu ? demanda-t-il.

Elle éclata de rire.

- Je ne fume pas, dit-elle en détachant les syllabes.

Chez Eva, tout était provocation jusqu'au timbre de sa voix. Sous ses regards langoureux, il était déjà l'objet d'un émoi indescriptible, de sentiments confus, d'une fièvre montante. Il remercia la nuit noire de ne pas tout dévoiler mais il savait qu'elle le lisait de l'intérieur. Maintenant, elle dodelinait de tout son corps, d'un pied à l'autre, secouant ses boucles avec volupté. Elle se savait inquiétante et connaissait son ascendant sur les hommes et de surcroît mariés et lui, il l'était bel et bien. Il demeurait debout, silencieux, à regarder le ciel et à la regarder elle, tantôt à la dérobée tantôt ouvertement. Qu'attendait-il à cette heure tardive ? Que cette femme de la nuit lui raconte son histoire ? Qu'elle le prenne par la main et l'emmène très loin de sa vie trop ordonnée ? Qu'elle lui rappelle l'odeur du flanc de sa mère qui l'envahit à chaque fois que sa gorge se serre, que sa poitrine l'oppresse, que ses mains se crispent ? Que Claire l'appelle ? Il eut envie de vite retrouver le petit salon, son fauteuil et la sérénité de sa femme. Cette Eva lui faisait peur, elle était irrésistible et il ne pensait qu'à tourner les talons. Ce qu'il ne fit pas, bien au contraire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire