lundi 15 octobre 2012


Barack, BJ et mwi 



Le choix de Barack Obama pour les cours de français se fit sur moi. C'était un vrai chanceux. Au départ, il s'agissait uniquement de travailler sur le lexique politique, les termes correspondants en français usuel. Il fallait éviter le registre de langue soutenu et focaliser sur le courant.
Barack Obama voulait s'essayer également à l'humour européen dans le choix des mots, les boutades, les clins d'oeil ( comme s'il y avait un humour spécifiquement européen, et comme si Barack Obama allait composer avec le vieux continent devenu quasiment le tiers monde aux yeux des yankees ! Bref, un délire, la logique est donc autre.)
Au départ, les cours étaient un vrai casse-tête pour moi. Je ne m'épanouissais pas dans le littéraire, L'historique, le philosophique et BO n'était demandeur que de terminologie. Jusqu'au jour où par un détour inattendu, je lui fis la remarque classique haïe par les Américains : " vous n'avez pas d'Histoire en comparaison avec le reste du monde". BO en fut coi. Comment osai-je? J'osai. Et même plus loin.
J'avais devant moi un apprenant en colère qui se défendait avec la fougue d'un Africain ou presque. Les cours prirent une autre tournure, bien plus intéressante. Et ce fut la littérature, l'Histoire, la mythologie, la philosophie. Peu évident pour un pragmatique mais c'était ignorer l'énergie exploratrice de Barack.
Au final, les deux heures hebdomadaires devinrent quatre, deux séances taxées à 100 dollars US de l'heure ( le rêve de tout professeur qui se respecte! ) Et Barack apprenait, posait des questions, retenait, établissait des parallèles, critiquait pour souvent s'apercevoir que le génie de l'Amérique était précisément la pauvreté historique. L'Amérique ne s'était jamais encombrée d'un passé pesant, handicapant. Elle était légère, tournée vers l'avenir, volontaire et tout ce que firent les génies américains venait de là.
Je faisais de BO un apprenant heureux, plein d'appétit et plus je multipliais les démarches pédagogiques, plus je mettais de l'originalité dans l'abord des connaissances, plus il adhérait. Ce fut là que naquit l'idée de lui parler d'un petit jardin où jadis s'amusèrent de grands Carthaginois.
''Barack, lui dis-je un jour, je viens d'une parcelle de terre d'Afrique du Nord dont tu as entendu parler cet été par un de nos illustres hommes politiques, un octogénaire aux yeux bleu occident qui te plut d'emblée et qui te sussura à  l'oreille bien des choses, d'ailleurs je ne sais en quelle langue mais il semble que tu n'as pas trop prêté l'oreille tout à ta réélection. Barack, je vais jouer de mon ascendant de prof sur toi pour un petit peu te mettre au courant de ce qui se passe à Carthage : ça merdouille, pour utiliser un mot familier - l’Américain ne s'offusque guère de ce genre de détail, la préciosité n'ayant pas fait parti de son peu d'Histoire et l'élégance verbale ou, l'élégance tout court, ne lui semblant pas vitale.
Les femmes sont toutes de noir vêtues jusqu'aux ongles, les hommes de blanc oriental - peu immaculé certes mais bon ! - les enfants portent des bandanas avec inscription et épée, le discours est confus. Banane veut acheter les anciens biens de Leila - elles se ressemblaient trop, tout dehors, rien dedans.
M. AE tombe dans les bras de Morphée à même la paillasse. Au Bardo, nos élégantes députées, par ailleurs dans le souci tout l'été pour tous les mariages ratés par manque d'eau et de vaisselle lavée, aèrent leurs parfumés pieds de leurs babouches dorées. Elles projettent même de construire des hôtels dans les parages de L'ANC. Nos sages penseurs tous d'idées éclairés préconisent l'application d'une politque de santé mise en route par palier. Que d'idées dans une Tunès qui va droit à la paix sous les yeux du monde entier..."
Et j'allai crescendo, du détail au lourd, de la description à l'argumentation, du poisson au pigeon, quand je vis une larme perler à l'oeil de mon élève. Barack était fortement ému.

'' Madame me dit-il - bien qu'il soit plus âgé que moi, j'ai tenu à cette distanciation nécessaire en pédagogie mais qui n’empêche en rien de véritables échanges - Madame, BJ me l'avait dit mais je n'avais rien compris, un risque fut pris quand je livrai le pays à ses pires ennemis,  ne laissez pas le dépit vous gâcher la vie, rien n'est fini et les dés seront remis sur le tapis.''

Tout fut dit sur un ton raffermi et je compris que désormais je pouvais compter sur mes acquis pour prétendre à des séjours gratuits aux Etat-Unis ( le rêve !! ) d'autant que mon apprenant en mesurait le prix.
Je compris que BO allait se charger de mon pays pour y faire régner l'harmonie afin que le ''14 january'' ne soit pas peine '' perdie'' coumme on dit, hélas, aujourd'hui.

Dimanche, 6h30, une chaleur d'août. Barack? Pas la moindre trace. Et l'Hisoire alors? Les cours? La White House ? BJ? La Tunisie? Pour l'heure que du dépit ! En attendant l'envol de BJ aux E-U. 

;)

2 commentaires:

  1. Hi, Sam!
    Inchallah Khiir! Heureusement, ce n'est qu'un rêve... cauchemardesque.
    Take it easy !

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  2. Hi RBA,

    Yes i have a dream, dear cousin! I'll try to be well ! It's too hard Doctor !!

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