Samedi 10 heures, direction le Palais des Congrès, nous avons convaincu un ami de longue date, penseur et auteur, homme de grande qualité intellectuelle mais désabusé par le politique et presque dans l’indifférence consciemment coupable, d’aller voir du côté du Pôle.
Pourquoi justement ne pas être curieux de ceux qui ont choisi de garantir les chances démocratiques de la Tunisie ?
L’intérêt premier du Pôle est le dépassement du petit moi, le chef, le militant de 50 ans, la tête à couronner. En effet, au Pôle, il n’y a pas de figure emblématique, de chef incontesté, pas besoin de consacrer une carrière, pas de Sacre, Louis XIV est loin derrière.
De toute façon, nous en avons fini avec les dieux vivants et puis ce sont des pratiques laissées pour les partis de Dieu, un faire politicard, blasphématoire par ailleurs. S’en méfier est un petit mot.
Notre ami est avec nous, il pénètre dans la salle avec une certaine lassitude et un petit air de « je leur laisse leur révolution » pour en sortir avec des étoiles dans les yeux et un regain de ses convictions politiques profondes.
Le Pôle est un regroupement de quatre partis politiques démocratiques et modernistes, des indépendants, tous unis par la même ferme volonté d’instaurer en Tunisie une démocratie réelle qui garantira l’alternance du pouvoir, la séparation des pouvoirs, qui consolidera les acquis modernistes, garantira les libertés, le rejet de toute forme d’intolérance et de discrimination et j’en passe.
Un moment fort d’exaltation, les belles idées sont immortelles. Elles ont pour elles le mérite de raviver les ardeurs, de ressusciter les convictions qui ternissent avec le gel et l’inertie.
Le Pôle, une étoile blanche sans prétention mais une vraie volonté de mener le pays vers la modernité, d’écrire une constitution nouvelle à l’encre de la liberté.
Un Riad Ben Fadhl, touchant d’humilité et de présence discrètement forte, mon Maître Ahmed Brahim – décidément, on ne peut s’empêcher d’être esclave quelquefois ! Attention, concession faite au domaine de l’enseignement – qui sut contrairement à d’autres se fondre dans le Pôle, faire don de sa personne car la priorité est à la Tunisie. Sana Ben Achour dont l’intervention nous éclaira sur le programme unifié du Pôle, Sana Ben Achour qui s’inscrit en femme de droit dans la modernité intellectuelle résolue loin de toute attache handicapante. Les gens du Sud, tête de listes et colistiers et un projet de modernisation de ces zones arides, souvent, sur bien des plans, une conscience de la difficulté du terrain et une présence féminine admirablement digne, avec voile, sans voile, tant la chose est un détail insignifiant politiquement, sur le terrain, sur le fait du service social et politique. Le voile, un choix personnel, intimement intime, bien achalandé chez d’autres motivés par le gain facile.
Le Palais des Congrès, ce samedi, a été un véritable espace politique sans discordance aucune, une intelligence tacite entre les assistants et un bonheur intellectuel que ne peuvent donner que les grandes idées.
Les interventions des Pôlistes s’adressent à l’intelligence de l’assistance, à leur sens du devoir politique et non à leurs complexes, leur misère et leur sentiment de culpabilité possible. Les hommes sont des êtres pensants et agissants et non des pathologies à manipuler. Place nette au sensationnel !
Le parterre de ce samedi était uni par des idéaux indémodables, des valeurs incontestées : travail, dignité, justice, parité, équilibre régional, respect de l’autre, séparation du politique et du religieux.
Si d’aucuns rêvent aujourd’hui de faire de la politique sur la base du religieux, sur l’endormissement des masses, au Pôle, les choses se font à l’autre sortie du couloir, vers la lumière et la conscience du sociétal et du politique.
Notre ami s’était revigoré, il est encore possible de rêver d’une vie meilleure, de voir peut-être ses idées enfin aboutir : le respect de l’autre, la dignité du travail, la liberté d’être et de penser comme on veut, où on veut et au moment décidé.
Décidément le Pôle nous intéresse !
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