lundi 19 mai 2025

Toute la beauté du monde, 2

 

Toute la misère du monde, toute sa beauté puérile 








 

-      Ai-je encore le temps de construire ? Mes rêves se sont effrités. Tout au long de ma vie. Je m’étais laissé prendre par bien des filets … Je ne pus faire autrement.  

 

      Et après, ce fut tout ce que je haïssais, tout ce que je jurais de ne jamais être… Quelque chose d’insidieux a coulé dans mes artères sans que j’y prisse garde et je devins objet du désaveu de tout et, d’abord, de moi-même. Et dehors, ça grouillait, ça bougeait, ça faisait les choses, ça riait aux éclats …


      Je me figeai.


     Je me souviens de cette amie qui me regarda un jour dans les yeux et qui me dit combien mes yeux étaient profonds, combien ma voix était rauque et combien je lui plaisais. Je me claquemurai aussitôt et doublement. Non, non … Et dans le fond, je fus confus, agité, je perdis pied. Cela dut se voir. Je ne sais plus.


      J’avais fui.


      J’étais fort et j’étais faible. J’étais puissant et j’étais décontenancé. Alors qu’il fallait juste rire, plisser les yeux et se laisser aller aux rires. Je savais pourtant le faire, plus jeune. 

     Comment étais-je devenu un automate ? Était-ce le temps si court. Le temps de vie, je veux dire. Pourquoi avais-je peur d’être sollicité ? Humainement je veux dire. 


     Était-ce parce que je vivais loin de ma patrie ? Dans un exil intérieur aussi et une grande solitude psychologique. Et puis, je pris la résolution de décliner toute invite. Et je forçai le trait en devenant agressif et blessant. Afin qu’on me foute la paix.

     Je commençai un laborieux cassage de tout ce qui pouvait me faire quitter la partie la plus sombre de mon être. 



Il se tut, longtemps et elle avança un pion.





  

-       Savez-vous encore rire ?

 

-       Je n’en vois pas l’intérêt.

 

-       Vous retrouver. 58 ans, c’est l’âge du rire, à gorge déployée.

 

-       Je ne sais plus rire. 

 

A suivre 







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