samedi 11 septembre 2021

Esprit transversal









I.

 

Il est 7 heures du matin et je fais du tapis. Un cadeau de ma fille afin que je me prenne en charge sur la plan santé : « Le sport d’abord, le sport ensuite, le sport enfin ! claironne-t-elle. » En-fin …

 

Ce gros machin qui avale une électricité de monstre a été placé par ses soins à la bibliothèque. Je la soupçonne de vouloir me rappeler qu’il n’y a pas que les livres au monde alors que moi je m’inquiète de ma longévité pour tous les livres que je n’ai pas lus. 

 

Allez, marche, marche, me disais-je, en mon for intérieur. 

 

Je n’en avais pas envie mais je continuais en pensant à Spinoza. Le désir est l’essence même de la vie et celui-là a toujours l’art de me convaincre immanquablement. 

 

 J’avance, je me préserve, je cultive le désir de faire les choses qui sont de nature à rallonger ma vie. Ok. Quoique …

 

Ma femme est dans ses appartements, à côté, pas loin. A-t-elle du vague à l’âme aujourd’hui ? Je me garde bien de lui poser la question. J’entends Dadoucha ronronner, encore un cadeau de ma fille. Probablement sur avis d’éminents spécialistes ici et là pour diminuer les prises de bec. Vieillir ensemble n’a pas toujours de bons côtés. Et il est vrai que tout ce qui concerne Dadoucha nous remet ensemble. Le temps de ses repas, de l’entretien de sa litière, de l’achat des dernières croquettes sur le marché félin …

 

Ma femme m’autorisait quelques saillies il y a peu. Quand le mot désir était en conformité avec sa définition philosophique. Moi, à 60 ans, j’ai du désir tout court. Allez expliquer mes urgences à cet esprit transversal ! C’est que Madame a de l’esprit ! Évidemment. J’aimais cela parait-il à 25 ans…

 

25 ans, un âge d’abruti ! Aujourd’hui, son esprit est ce que j’exècre le plus au monde. Oh là, là ! Pourvu qu’elle ne lise pas en moi !

Pourquoi ne suis-je pas tombé sur une femme classique, une femme docile, une femme soucieuse de l’appétit de son mari ?

Oui, oui, c’est le même qui est spinoziste !

 

Égaré ! me dit-elle, il y a peu, parce que je faillis m’exploser le gros orteil en trébuchant sur une grosse pierre. Nous nous promenions à la plage et je vis une jeune sylphide sublime. Et contre toute attente, elles se saluèrent avec effusion.

 

-       Une amie à Agnès, grand dadais ! me dit-elle en me foudroyant du regard.

 

Était-ce ma mère version sorcière édentée ?

 

-       Oui, j’avais vu, dis-je.

-       Parce que tu vois encore la réalité toi ? Une honte que de sortir avec toi. 18 ans qu’elle a la petite !

-       Oui, oui, l’âge d’Agnès, je sais.

 

Elle voulait me battre, je le sentais. Elle ne comprenait donc rien ?

 

 

Allez, marche, marche … Ce tapis est épuisant mais le désir est l’essence même de la vie. Spino, Spino …

 

 

II.

 

Nous avons tous une part de mensonge en nous, reconnaissons-le. Je ne suis pas un saint mais pas non plus un dévergondé mais la soixantaine m’enleva des pans entiers de ma confiance en moi et je veux tester mon charme. Je n’allais pas demander la CI ! Mais Esprit transversal ne peut être simplement humaine un jour de semaine sur une plage déserte.

 

-       Le désir chez toi se limite à ton petit mécanisme maintenant.

 

A-t-on idée de dire cela ! Petit ? Mécanisme ? Je rêve de la voir transformée en fumée … Kawaie, tipi, carquois, calumet et bison en colère …

 

 

III. 

 

-       Dadoucha ! Croquettes, croquettes … Ici !

 

C’était sa journée, hier c’était moi. N’empêche, je prêtais l’oreille. A l’insignifiance.

 

-      Allez ma Birmane mange, mange … Allez ma Dadou …

 

Dadoucha a réintroduit le bruit chez nous mais pas que le bruit. Nous avons convenu d’une journée courses deux fois par mois à l’animalerie Zanimo. Le véto est venu deux fois par mois les premiers temps et les enfants appellent pour s’enquérir de nos relations avec Dach, de nos relations entre nous, des réactions de Dach à notre égard, de Dach et Mum et de Dach et Pap’s et de Dach avec Dach. Cela nous fait de la conversation.

 

Je regarde, ébloui, des images de différentes régions italiennes et la Sardaigne est une splendeur ! San Teodoro est à couper le souffle ! Un coin de mer indescriptible et on ne peut que s’émerveiller. Un corps de Parque, Lachésis … Des rondeurs et des profondeurs féminines à couper le souffle. La Sardaigne est femme, l’Italie est femme : Rome, Naples, Milan, Florence … Oui femme au corps sculptural. 

 

J’en fis part à mon épouse en formulant le vœu de passer les prochaines vacances en Sicile ou en Sardaigne. 

Quel mal m’a pris ?

 

-     Décape tes yeux, dés-embrume ton esprit, appel au secours ton rationalisme en lambeaux et remets tes organes à leurs places.

 

Connaissez-vous la signification d’uxoricide ? Documentez-vous parce que, moi, j’en rêve. Uxor. Allez, allez, montez jusqu’au droit romain ! 

J’en fulmine encore. 

 

 

 

 

  

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