samedi 4 septembre 2021

" Coach, je n'aimerai plus "






                                                        Carthage, le 1er septembre, 9h.

    
     
 


  • -       Coach, je n’aimerai plus.

  • -       Vous n’aimerez plus quoi ?

  • -       Je n’aimerai plus de femme.
  •  
  • Évidemment, se dit-elle. Elle garda son air professionnel. Il lisait tout.)
  •  
  • -      Vous avez vos raisons.

  • -       Oui, j’ai de très bonnes raisons. 

  • -       Si vous voulez en parler, faites-le.

  • -       Oui, c’est mon intention.

  • -       Je vous écoute.

  • -       Aimer me vide émotionnellement. Or, j’aspire au calme. 

  • -       Et ?

  • -   J’ai perdu beaucoup de temps, beaucoup d’énergie, beaucoup d’émotions sur une idée fixe.

  • -     Vous considérez qu’aimer est une idée fixe ?

  • -     Oui. Une idée fixe. Gonflée à bloc. Dont on fait inconsciemment et en dehors de toute logique, un impératif de vie. Or, quelles conditions ont permis cela ? Quel âge ? Quel temps ? Quelles personnes ? Quel contexte ? Quelles carences ? Quelles peurs sous-jacentes et lointaines ? 

  • -   Toutes ces considérations viennent a posteriori. Sinon ce n’est plus de l’amour. C’est aujourd’hui que vous disséquez ainsi. C’est l’expérience et l’âge. Et puis vos ruminations.

  • -   Oui. Je parle d’aujourd’hui. Je n’aimerai plus.

  • -    Pourquoi vous ne vous lâcherez pas un peu la grappe ?

  • -     Pour ma santé psychologique. Pour la paix.

  • -     Je vous ai toujours dit qu’il faut trouver en vous les vraies raisons. En périodes claires.
  •  
  • Regard appuyé de sa part à lui vers le coach. )
  •  
  • -    Vous savez même en périodes troubles, les choses sont là mais il y a un trop-plein, une précipitation, la marée haute et donc de la confusion.

  • -   Reste qu’aimer a des avantages non négligeables. Les hormones du bonheur et la sérotonine notamment. Des bouffées de vie.

  • -   Faut-il espérer des bouffées fantasques ou s’acclimater au tracé plat ? C’est la question. J’ai pour ma part la réponse.

  • -  Peut-être faut-il compter sur l’épanouissement d’autres hormones ? Adrénaline et noradrénaline par exemple.

  • -   Oui, c’est sain. Ou alors aimer en silence contre toute attente et sans buts. Aimer régulièrement. Sans engagement et sans paroles. 

  • -   Vous aimez ainsi ?

  • -  Je crois que je vous ai tout dit Coach. Je m’en vais vers des activités plus endorphinogènes, ça libère aussi.

  • -  Plus endorphinogènes que quelles pratiques ?

  • -   Que la simple marche.

  • -   Si vous parlez de sports, je suis de votre avis. Quant à aimer en silence, sachez que l’objet de vos sentiments platoniques est à des milliers de lieux de vos châteaux même déserts.

  •  
  • Regard noir en tournant la poignée de la porte du cabinet. )  





 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire