dimanche 2 août 2020

Nous






I.

Mon père est musulman de naissance. Je ne l’ai jamais vu pratiquer. Un homme moderne pour son temps et qui détestait la femme soumise. Surtout ses filles. Je crois.

Ma mère est russe, elle a été athée pendant vingt-cinq ans et quand la Russie se disloqua et que les pouvoirs perdirent leur mainmise sur l’exercice religieux, elle décida de devenir croyante et trouva au sein de l’église orthodoxe, le lieu de rencontre des membres de sa communauté. Pourtant, elle vivait très loin de la Russie mais suivit scrupuleusement les diktats bolcheviques. La peur enracinée, sûrement. 

Moi, je suis athée depuis mes seize ans et j’ai du mal à comprendre comment la majorité continue à croire en un être absent. Tellement absent. Mais je sais cet amour. Enfin, je le savais adolescente. Cette poésie, ces emportements, cette émotion, cette osmose, cette écoute. J’étais adolescente. Pas eux. 

Ma sœur est bouddhiste. L’Asie la fascine. Elle y alla la première fois à vingt ans et depuis y effectue des séjours de plus en plus longs. Mon frère est bahaï. Il est tombé amoureux de cette religion qui accorde une place de choix à la liberté et qui considère l’éducation comme un pilier fondamental. Il adapta cette religion à ses normes personnelles bien entendu et se dit heureux d’appartenir à cette communauté. 

J’adore nos réunions de famille, deux fois par an. Chacun fait part de ses convictions intimes ou consenties, de ses rencontres, des livres lus et des conférences suivies. Le mot d’ordre tacite était de s’écouter les uns les autres et de ne surtout pas faire de prosélytisme. 

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