Aujourd'hui j'ai pleuré les absents et les présents
J'ai pleuré maman et ses doigts d'amour
J'ai pleuré le virus dont je ne supporte plus le nom
J'ai pleuré le "r" et le "s" que j'aimais ailleurs
Dans le rêve et le silence heureux
Je n'ai même pas pleuré
Ce sont mes yeux qui se noient
Je pleure mon pays si loin de l'ordre et de la prospérité
Je pleure ma chienne que j'entends pleurer
Je pleure ces séniors qui partent par ici
Je pleure ma mer que j'aime tant
Je n'ai pas oublié les Absents
Je les porte comme un bien mais aussi comme un fardeau
Les jours heureux et les jours de pluie boueuse
Je pleure cet enfant si cassé que j'ai aimé malgré le piège
Cet enfant si fort mais si assemblé
Un enfant de la balle aux mots si précieux
Je pleure le chaos dans la tête des miens
Je pleure les brisures du jour et celles du soir venant
Je pleure sans bruit le déferlement de la mort
La mort rapide de ceux qui ont rêvé
De ceux dont les rêves n'ont jamais volé
Le monde est si lourd de ce mal inattendu
Un mal de chauve-souris
Un mal de nuit de crime
Je pleure moi la si forte de sa devanture
Je pleure des tas de brisures à venir
Je sens le monde faux
De clinquant et de vols
De viols et de haine
De mensonges et d'envie
Je pleure l'amitié si mensongère et l'amour impossible
Je pleure mon antre glacée du manque de mots
Je pleure mon coude renversé des éclats de mes éternuements
Je pleure l'homme si fort et si désarmé
Engoncé dans le gain et oublieux du Beau
Aujourd'hui, une heure sonne
Celle de tous dans un désarroi complet
Et je me dis en séchant mes joues de mon coude si utile
Au moins les vivants silencieux occuperont leurs plaines, leurs terres d'acier habillées
Les roses tapisseront un sol de gros pieds écrasé
Je pleure l'Absent qui fut rassurant
Les Absents piliers de ma charpente fêlée
Je pleure l'absence et l'incertitude.
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