dimanche 10 mars 2019

Eva XX



Claire, Enest, Eva, Drus ...

Je mets du temps à revenir vers vous chers amis mais je vous observe depuis un moment déjà.

Enest est dans un tel état qu’il semble ne plus voir que ses obsessions, que Son obsession. Eva s’en amuse, elle ne s’est jamais sentie aussi légère et elle rit, elle rit. Claire, dans son élégance de chaque instant, passe des heures assise dans leur salon à écouter du Liszt. 

Elle fait des kilomètres de pensées, de l’université, à leur union en famille restreinte, à son fils, à leur appartement cossu et si riche d’art et de musique, à leur amour, à sa douceur et puis à cette insatisfaction d’enfant qui avait pris de l’ampleur au fil des jours, à cette carence …

Et puis Drus qui fait son entrée contre toute attente, Drus qui se tait depuis trente ans, Drus si résigné jusque-là, Drus si affamé de vie d’un coup.

Parce que l’amour n’attend pas, les émotions enflent, font leurs nids, se gravent et font mal.  

Je suis à nouveau à vous chers proches.




















Partir en Mer




Aucun moyen de choisir sa mort par ici. C’est frustrant. Pourtant existe le Carré des Libres penseurs dans le cimetière chrétien.  Ce n’est pas pour moi. Il n’y a que la mer qui m’intéresse.

J’ai fait des recherches approfondies sur le processus d’extinction, ce n’est pas très gai mais c’était nécessaire pour mon travail de scribe. C’était en 2016-17, je crois.

Après la mort, il y a encore la mort lente et même que je l’observe au quotidien avec mes roses et mes iris. Deux, trois, quatre mois à partir, à se flétrir, à se rabougrir …

Je n’aimerais pas finir en saucisse pour les vers de terre. Et ce n’est pas discriminatoire. Ils ne me sont pas sympathiques, c’est tout. Je préfère les poissons, les crustacés, les mollusques marins, toute la faune des Mers. Ils me paraissent intègres, droits et sur leur quant-à-soi. Devenir leur subsistance pour quelque temps ne me dérange aucunement.

Allez expliquer cela à ceux qui détiennent la vérité ! La vérité de leurs délires et de leur inertie réflexive. Quand on a un voile devant les yeux ou on le troue et c’est un geste volontaire de détermination, de curiosité positive et de courage ou on le regarde avec béatitude et au gré de l’humeur, au gré des émotions, des épopées sociales, le regard se rétrécit, devient fente ou à peine et finit pas chavirer.

Je crois que j’ai toute ma tête, je ne l’ai jamais perdue du moins et bien qu’émotionnellement, il y eut nombre de bourrasques, elle reste bien droite sur les épaules. Je veux partir en Mer. D'autant qu’elle me parle et qu’elle m’appartient. C’est tout.

Je veux partir en Mer dans très longtemps.


Hormones canines





Je sors avec ma chienne afin que pattes et jambes se dégourdissent.  D. est une quadragénaire et n’a jamais eu de compagnon. Elle est donc un mélange d’agressivité et de déprimes, par moments. A deux cents mètres de notre maison, on croise un chien errant, un mâle visiblement, très en colère lui-même. D. est un berger de Beauce, puissante et rapidement aux aguets.

Zut, me dis-je, ça va aboyer ! Et commence un concert d’aboiements stridents et une guerre prometteuse. 

D. voulait se battre et le chien errant ne se laissait pas impressionner. Je ne la maîtrisais plus. Question d’hormones. Elle tirait sur la laisse et perdait de plus en plus sa capacité d’écoute. Ils étaient à moins d’un mètre l’un de l’autre et D. rugissait comme jamais. Il devait lui rappeler sa condition de chienne délaissée.

Elle bondit sur lui tous crocs dehors et je me retrouvai par terre de tout mon long dans cette rixe canine dangereuse. Quand ils me virent au sol, l’errant s’enfuit à toutes pattes et D. vint se coucher à plat ventre, tout à côté de moi, le regard tout penaud.

Comme une éclopée, je me relevai douloureusement, me dirigeai vers notre porte d’entrée. Ma benjamine était déjà devant notre entrée, elle avait entendu tout le boucan et comprit que cela n’allait pas. Je jurai mes grands dieux qu’elle ne mettrait plus les pattes dehors.
Cela fait bientôt dix jours que je traîne des bleus devenus vert jaune. Je continue quand même mes séances de yoga, en grimaçant certes, mais dans l’ignorance volontaire de toutes mes ecchymoses et de mes contusions.

Ah les chiennes non honorées !

Et depuis, je regarde sans conviction mais avec une nécessité certaine du côté du chien de mon amie d’en face, qui avait, à un moment, exprimé un vrai désir de rapprochement et d’union et que j’avais complètement découragé. C’est que pour D. comme pour moi d’ailleurs, je suis d’une rare exigence, du moins sur le plan intellectuel, et que le fameux Jo me paraissait un peu bêta à regarder tous les passants souvent sans réaction autre que de saliver du haut de sa terrasse outre sa trop grande taille qui ne me semblait pas convenir à l’anatomie et à l’allure générale élégantissime de ma chienne.








samedi 9 mars 2019

Citoyens !


Le 5 mars, 9h, à l’hôtel El Mechtel, le Collectif des initiatives citoyennes Ncherek fait sa sortie médiatique. Des hommes et des femmes, des personnalités publiques, quelques jeunes, majoritairement des déçus des partis politiques, de leurs discours pompeux, mensongers et de leurs démarches séductrices racoleuses en heures propices.

L’idée est moderne, innovante dans le paysage politique tunisien. Se regrouper entre indépendants, engagés, personnalités notoires, société civile, citoyens, patriotes pour prendre part à la vie politique, s’impliquer donc et proposer des listes indépendantes au moment des élections. Un collectif progressiste qui se donne pour mission première de lutter contre la corruption, la fraude, le terrorisme, l’extrémisme, le commerce parallèle  … Une charte politique, économique, sociale, culturelle rédigée.

Des intervenants nombreux prirent la parole, des questions, des réponses.
Présence toute remarquée d’associations d’handicapés et de personnes à besoins spécifiques.
Une très bonne organisation malgré des fonds quasi inexistants, la présence d’une interprète en langue des signes.

Les jeunes étaient fortement minoritaires pourtant le seul à avoir pris la parole a fait montre d’une vraie conscience politique, d’une belle détermination. Il a aussi fait observer l’importance d’impliquer les réseaux sociaux, les réseaux d’influence dans l’élargissement des sympathisants Ncherek avec instagram, tumblr, fb …

Dans l’assistance, certains intervenants ont opté pour l’évocation d’un parcours personnel, d’autres ont remis à l’ordre du jour tous les dysfonctionnements du pays pour dire l’urgence de l’activisme. D'autres encore ont ressassé un passé problématique que tout le monde a à l’esprit.

Le discours alarmiste est à bannir selon un assistant, il faut regarder l’avenir positivement et mettre du jeunisme - dans le sens mélioratif du terme - aussi bien parmi les sympathisants du Collectif que dans le discours.

Si la présence des Séniors est importante, si leur notoriété de patriotes et de fins limiers, de caciques de la politique est enrichissante, leurs expériences riches de connaissances, il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui, en Tunisie, un souffle nouveau doit impérativement exister, un discours novateur, sûr, positif, rassembleur, frais et dynamique doit pouvoir plaire mais surtout convaincre. L’idée d’un collectif est assez moderne et il faudra l’habiller d’atours adéquats.

Il est également urgent, aujourd'hui, d’éviter toute ressemblance avec les partis qui se sont mis à nu, que l’on sait être un magma de tout et de n’importe quoi, que l’on voit à la taille exacte du RCD, monochrome et hurleur, que nous observons, depuis huit ans déjà, à se délecter de la naïveté de certains d’entre nous ou de ce qu’ils croient être de la naïveté, des conditions matérielles et sociales extrêmement difficiles des plus fragiles d’entre nous et des moins couverts qu’ils pensent pouvoir enrôler à coup de confiseries. On voit d’autres encore retranchés derrière un discours qui remonte à la révolution bolchevique, engoncés dans une idéologie désuète et anachronique.

Ressembler à ceux-là est au-delà du danger, c’est de l’écœurement et de l’absentéisme-abstentionnisme avec toutes ses conséquences désastreuses.

L’heure est à l’entente, à l’échange réel et pragmatique et aux actions-phares, au dépassement de soi parce que les égos sont à éliminer du revers de la main, à la parole juste et vraie, à l’esprit d'entrepreneuriat, à l’indépassable implication des jeunes.


Je viens de découvrir Mouwatinoun qui est aussi un collectif mais tout récent selon ce que j’ai compris, rassembleur, à la démarche participative, au discours teinté de positivisme selon un adhérent. L’intérêt c’est de faire que ces collectifs fusionnent, revoient leurs plates-formes, la réajustent, accordent leur son de cloche, c’est au-delà de l’intérêt, c’est impératif. Il y va de leurs existences mais aussi de l’intérêt du pays.