samedi 3 novembre 2018

Billets d'humeur : Ontos, Mon pays et L'obsession du bonheur



I.
Les possibilités ontologiques s’imposent et puis agir devient vital. Pour soi, cette fois-ci. Dans ce qui Est, il y a ma marge, ma volonté. Il y a surtout cela. Et aujourd’hui, voltiger me paraît opportun. S’emplir les narines et les poumons jusqu’aux confins du sourire existentiel.

Un jeune ami désapprouva une de mes publications : un défilé ridicule de vêtements pour hommes complètement immettables et remarqua dans les commentaires de mes amis un soupçon d’homophobie. Il évoqua la masculinité toxique et cette image du mâle dominant qui continue à faire des vagues et qui est si chère au monde arabe. Nous échangeâmes en privé pour lever l’équivoque.      
 
D’abord, le fait que la tolérance se décide et se cultive. Je peux ne pas supporter les odeurs de cuisine de mon voisin de palier, ce qui ne m’empêche pas de le saluer et d’être courtois (Claude Roy ). La tolérance n’est donc pas innée dans des sociétés – la majeure partie – qui ont très tôt voulu uniformiser les pratiques et attribuer à la sexualité le rôle majeur de la reproduction et de la perpétuité de l’espèce. De même, la différence est rarement bien accueillie particulièrement dans les sociétés conservatrices, fermées et soumises à l’autorité. L’étranger faisait peur et continue à faire peur. Sa liberté est une source d’inquiétude et souvent il doit soit obtempérer soit partir. Ainsi en est-il aujourd’hui des migrants cantonnés dans des ghettos, séparés de leurs enfants afin que ces derniers soient pétris au moule du pays accueillant. Et cela ne fait que commencer puisque nous allons vers de plus en plus de réfugiés climatiques et de déplacés.

La tolérance est une décision personnelle qui découle d’une conception de la liberté, réfléchie et assumée. Si la masculinité toxique existe, si la féminité précieuse a encore de beaux jours devant elle, si l’homosexualité affichée n’étonne plus du moins dans les pays où les droits humains sont respectés, nous notons souvent dans le milieu aseptisé de la mode l’émergence d’un genre nouveau asexué, hagardisé, sans âme, une sorte de condensé de névroses nées de rien mais qui constitue l’être « fondamental » de ce genre nouveau, l’être total, un abruti. Mode spectacle, théâtre absurde, vaudeville creux, passants dénaturés, « êtres » difficilement classables …  



II.
Mon pays s’enfonce dans l’ignorance tous les jours un peu plus. Il fait bon y être idiot, y être égaré, y être sans plans d’avenir, y être sans réflexion consciente. La matière fondamentale de beaucoup d’entre nous est la crédulité et l’attentisme. Attendre qui ou quoi en fait ? Et voilà que pour beaucoup le travail sous la dictature est autrement meilleur et que l’atout principal de la dénommée « révolution » de 2011, la liberté d’expression, en l’occurrence, n’est synonyme ni de travail ni de dignité humaine et encore moins de projets à l’intérieur du pays de nature à propulser les régions pauvres, à créer une dynamique économique et à résorber au moins partiellement le chômage. Nada. Le pays en lambeaux est entre les griffes d’opportunistes de tout genre. Et c’est tellement facile de se vêtir du manteau de la religion pour faire valoir ignorance, bêtise et stupidité.
L’essentiel c’est d’arborer voile et barbe. No pasaran.



III.
Le bonheur comme objectif suprême, est-ce vraiment vital ?
Le plus déstabilisant de ce qu’on peut vivre c’est le mirage de ce qu’on confond avec le seul bonheur possible. Lui, elle, cette chose, ce lieu… Il y a comme un emportement et une oppression thoracique, quelque chose d’épique … Je le veux, je la veux, c’est le prix de mon bonheur, le seul. Quelque chose d’obsessionnel, je ne serai bien qu’en obtenant l’objet de mon désir. Le temps prend une autre forme et a désormais une autre notion. Plus l’objet de mon désir m’échappe plus je focalise dessus et plus je n’ai plus rien d’autre en tête. Une incapacité à fixer mon attention sur autre chose. Je le veux, le cherche, l’attends, l’espère. Obsessionnel, chavirant.

A quinze ans mais aussi à cinquante ou plus.

Mais est-ce le bonheur ? Forcément le bonheur ? Le seul ? Bien sûr que non mais je suis en dehors de tout rationalisme, esclave de mes émois, de mes obsessions et de mes certitudes présentes. De toute façon, je ne connais que le Présent, le seul présent.
Le bonheur m’est indispensable, l’amour. Je n’ai pas lu Claude Olievenstein, L’Homme parano, et heureusement. L’amour a quelque chose d’insaisissable mais de vivifiant, quelque chose de difficilement cernable mais de fort qui agit sur le souffle et le corps. Et c’est dans un moment d’intensité pareille que l’Ontos devient dictature à quinze ou à cinquante. 

A quinze parce qu’on n’y peut rien et à cinquante parce que la vie est tellement passagère.   



IV.
Une dimension folle.
Un Monsieur digne de cette dignité de ceux qui parlent peu et qui n’ont jamais saisi le gratuit, la fatalité.
Les mots deviennent alors des perles rares à la signifiance éclatée.
Et les gestes, lourds, lents, poignants, chercheurs, des instants de vérité pure et de passion.
Un ténébreux, aux sourcils épais, à l’âme ébréchée et au cœur d’enfant aimant.
Les yeux écarquillés.

Une rose, la plus belle, vermeille, sur ta stèle précoce.




2 commentaires:

  1. Nocturne, radieux, déroutant. Doux-amer, délicieux. Époustouflant. La répugnance ou l’accueil hospitalier est dans la lecture.

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