jeudi 15 novembre 2018




I.

Je cours après l’immortalité un citron à la main …

Chacun son moyen de lutte. Moi c’est le citron. Dans la baignoire, sous la douche et même en mer. Se frotter avec du citron vert est une garantie de longévité à défaut d’immortalité. Et puis, non, l’immortalité ne m’intéresse pas, c’est juste une touche mythologique pour se sentir dans la cour des grands. Ma benja se plaint d’un petit bouton, j’accours avec le citron. Une cicatrice ? Une mine terne ? Un coup de blues ? Un manque d’inspiration ? Le citron est infaillible. Un geste de vie en réalité qui vous fait croire que vous maîtrisez les ficelles de l’Ontos. Etre, être au monde. Rien n’a autant de vérité que la vie, absolument rien. C’est la seule chose que nous possédons avec des hauts vertigineux et des bas lamentables. Je lui ai trouvé une arme, le nectar jaune vert. J’aime à croire que je gère la vie, la mienne et celle des miens avec du citron. Et j’adore le citronnier, compagnon fidèle de nos vieilles maisons, fier, droit, purifiant et vivifiant. Une partie des miens, le compagnon végétal. 


II.
Seriez-vous une espionne du cœur ? lui dit Jean-Michel. Un talent rare que vous lui prêtez là !
Je crois que la solitude et la lecture, la réflexion permanente vous dotent d’un regard acéré, un regard de voyante. La douleur aussi et le déchirement. Rimbaud fut un déchiré du désir et le plus grand des poètes voyants. Le désir, parlons-en. Si Eva n’en a jamais fait un tabou, si le désir est le vecteur central de sa vie, Claire, elle, passa la sienne dans la gestion de sa personne. Bien sûr, dans son intimité, dans ce qu’elle jugeait être digne d’elle, elle était fougueuse, elle était vie et amour. Il fallait que cela soit son homme pour qu’elle baisse la garde, pour qu’elle lève un regard chaud vers celui qui était le sien.
Enest, Eva, Claire, les Oubliés de la grande Histoire reviennent à l’Etude , son espace de création. Des enfants délaissés et une forge cadenassée. La clé était égarée et la porte du cœur s’ouvre à nouveau. Non, lui dit-elle, tu ne seras pas juste celui qui va tenter de pallier. Tu es plus que cela. Un air nouveau et une belle sincérité. Pourtant le chemin est chaotique, pourtant le silence est insupportable. Une maladie que le silence des êtres qui s’aiment. L’Ontos a fini par accaparer, par siéger. Jusqu’à quand ? se dit Claire. L’homme de sa puérilité s’était égaré, enserré dans des filets peu cléments, durs et inhumains. Son profil d’homme est toujours là, un taiseux mais chaque mot est un condensé de vérité, de liberté. Oui, le silence est un mal rongeur.

L’espionne voit aujourd’hui une belle clarté, une haute clarté, un rire sain et un désir beau. Pour tuer Claire, il faut du courage et de la générosité. Elle le regarde dans les bras de cette île de coton, cet espace de lumière, de végétation domptée, une douceur et de la fougue. Un frère d’idées, de principes, un être de dieu, lui, parce qu’il l’est resté. Pas elle mais elle en garde un souvenir de grande affection. Perdre dieu c’est au-delà de perdre un proche ou c’est pareil, elle n’en est pas sûre, là, de suite. N’empêche, quelque chose d’ancien remonte à la surface, une sérénité, cette entité-là n’est pas entamée des sens, elle porte en elle un calme existentiel.

Cela vous remue et vous agrippe. Il lui a parlé de cette bulle dans la tête qui avait soufflé d’un coup, une bulle gratuite, subreptice et voilà que l’espionne se met à trembler. Non, pas lui, c’est un don de son dieu, son dieu à lui, si beau et si prompt. Elle aime à le penser et soufflera sur tout projet de bulle perdue. Il y a des êtres qui méritent tellement d’être aimés, il en est un. La passion n’est pas faite pour tous et il en sera paré. Long, tendre, fougueux et prompt à la vie.

-    " A toi Drus, dieu du calme, du rire sain et de l’espoir, je promets passion et sincérité. Etre de bonté et de don de soi, tes attributs ont pu éveiller l’élan vital sans lequel nous sommes morts. Hauteur d’élégance, de tendresse et de vérité, que je puisse t’habiller de mes rêves les plus fous." Lettre à Drus, Le tendre Vaillant, Souffleur de vie.


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