samedi 10 novembre 2012

Barack Obama ou le rêve


L'élection de Barack Obama en novembre 2008 fut une première dans l'histoire de l'Amérique, pays qui connut et vécut la discrimination raciale jusqu'aux années 60. Qu'un Afro-Américain devienne président des USA - le 44ème - a suscité un immense intérêt à travers le monde et un bonheur exutoire pour les Noirs, les démunis de toutes sortes, les férus de l'égalité des chances et de justice, les idéalistes de tous bords.

Nous avons encore en tête les images de ces Afro-Américains chantant et dansant dans les rues américaines des différents états, en plein délire heureux. Un Noir américain à la tête de la plus grande nation du monde est un soulagement, un baume apaisant à des maltraitances ancestrales historiques inexcusables. Nous avons encore à l'oeil, ces très vieux Noirs-Américains en sanglots qui trouvèrent en la victoire de B.Obama sur J. McCain une revanche sur le passé et un sens à une vie largement derrière.

L'homme BO, indépendamment de la machine qui est derrière et parce qu'il y a - comme de bien entendu - la realpolitik et que nous ne sommes pas des enfants de choeur, l'homme a son charme, sa prestance, son charisme. Intellectuel au beau passé estudiantin, grand orateur, organisateur de communauté dans les quartiers Sud de Chicago durant les années 80, avocat de droit civil, professeur universitaire en droit constitutionnel, sénateur des EU et j'en passe, l'homme plaît et les Américains se réveillent avec une icône sur le modèle des géants de ce monde, ce qui les change un petit peu, quand même, du sapeur-pompier tout noué, tout fort, tout bronzé. Et c'est la reprise oh combien belle, oh combien vibrante de cette phrase-phare de MLKing : "I have a dream !"
A partir de là, Obama est hissé au rang des dieux et quelque temps après cette première élection, l'homme reçoit, contre toute attente, le prix Nobel de la paix. De quelle paix s'agit-il, au juste, en pleine guerre d'Irak? De quelle paix s'agit-il, au juste, en plein projet de déploiement de dizaines de milliers de troupes supplémentaires en Afghanistan?

Il s'agit en réalité d'espoirs de paix, d'espérances d'un monde sans armes nucléaires, d'un règlement du conflit prioritaire du Proche-Orient. Oui, l'élection de BO a suscité un espoir planétaire et son discours du Caire en juin 2009, sa tentative de séduction du monde musulman n'a pas réellement réussi, ses efforts n'ont pas été concluants, le conflit du Proche-Orient n'a réalisé aucune avancée mais ses mots ont gardé des traces. Probablement en raison du charisme du personnage, de ses origines africaines, de la couleur de sa peau, de son expérience de travailleur social dans les quartiers pauvres de Chicago, de sa simplicité d'homme et des émotions qu'il sait faire passer. L'icône du public BO est un homme de couleur, issu d'une famille recomposée, ayant l'expérience du travail communautaire, s'étant lui-même trouvé durant une courte période - au début des années 80 - en pleine précarité professionnellement mais un homme qui s'en est sorti grâce aux études, professeur universitaire et surtout rédacteur en chef de la Harvard Law Review, élu face à dix-huit autres candidats, ce qui lui valut une certaine notoriété sur le plan national.
A partir de là, BO apparaît comme le sauveur des défavorisés, lui le petit-fils du domestique des britanniques durant la Première Guerre mondiale, l'enfant sans père, l'adolescent élevé par ses grands-parents. J'ajouterai personnellement l'intellectuel homme de terrain.

Aujourd'hui, BO est reconduit pour un deuxième mandat de quatre ans, sa victoire sur Romney est nette et incontestable. Il la doit en grande partie aux Noirs, aux Latinos, aux femmes, aux jeunes, aux minorités, aux homosexuels, aux démunis qui ne sont pas forcément satisfaits du bilan du premier mandat mais qui lui renouvellent malgré tout leur confiance. Et ce crédit est en soi un don exceptionnel et une attente vraie même si nombreux Américains ont largement compris qu'un président n'a pas les coudées franches et qu'obligatoirement, il hérite de la politique de son prédécesseur, que quatre années c'est, en réalité, et surtout, les 18 premiers mois et qu'avant de tirer sa révérence, il faut aussi baliser le terrain au prochain candidat de son camp.

Que va donc pouvoir faire BO en politique intérieure et en internationale là où charisme, élégance déglinguée et sympathie naturelle ne suffisent guère? Comment va-t-il pouvoir relever les défis nombreux, régler les situations inextricables?
Un bon point d'acquis déjà pour les Américains : la réforme santé qu'il fit adopter dans la douleur et qui permettra à près de 32 millions d'Américains de bénéficier d'une couverture sociale dont ils étaient dépourvus : l'Obamacare qui se poursuit jusqu'en 2014.
Reste l'emploi d'autant qu'on lui a souvent reproché de le reléguer au second plan après la réforme de santé, la diminution du chômage donc, la relance économique, la dette, le logement et le refinancement des prêts pour tous ceux, nombreux qui se sont trouvés embourbés dans la crise des subprimes.
Le défi également comme promis de réduire les dépenses de défense, la fermeture de Guantanamo, le bagne de la honte et prioritairement trouver une solution vraie au conflit - oh combien lourd en conséquences, pour tous, d'ailleurs - du Proche-Orient.
Du pain et encore du pain sur la planche pour Obama. Oui, de gros défis mais assurément moins de tension et de soucis en ce 2ème mandat, plus de latitude opérationnelle même si le congrès est majoritairement républicain.

Quatre années durant lesquelles le maître du monde en bras de chemise retroussés, au regard rieur et charmeur devra en président fédérateur raviver l'américan dream, épater le monde en soufflant de l'espoir et en réinventant des rêves parce que BO n'est pas seulement américain, il a ce quelque chose d'unique qui fait de lui un être universel que l'on suit, que l'on écoute et qui nous subjugue.


Quand le délire nous prend !

J'aime cet homme, il est d'une élégance nonchalante rare. Vif, intelligent, séducteur. M. en est jaloux, oh que je le comprends! Et même Michelle trouve que j'exagère. Peu importe. Il a en lui tout ce dont rêve une femme intelligente. B. pliz, fais-nous vibrer, redore le blason de la politique en nous la donnant à voir comme un infini de possibles.
Grave, ce faisant, ton nom dans l'Histoire de l'humanité en lettres de lumière.
Agite à la tronche des déplaisants, les grandes idées de tolérance, de justice, de respect du démuni, de respect de la terre et de l'identité.
Toi le fils du Kényan, de l'Américaine de souche irlandaise, le frère de l'Indonésienne, toi le sans-religion, l'homme aux idées profondes, le pays de Canaan a besoin de ta notion d'équité pour enfin connaître la paix.
Oh ba ma :) !





4 commentaires:

  1. Bravo, vous avez une très belle plume !

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  2. Totem et adoration
    J'aime le peuple américain en tant que locomotive de la culture universelle conduite par des précurseurs d'idées nouvelles et novatrices. Ce sont ses penseurs, ses artistes, ses chercheurs scientifiques et ses rêveurs de tout bord qui créent le renouveau du genre humain. Tous les efforts fournis par les peuples de la terre depuis l'antiquité jusqu'à nos jours ne sont que de petits pas au regard de ce qu'a réalisé ce peuple de pionniers en 2OO ans d'histoire. Nous avons mis des milliers d'années pour abolir l'esclavage, les américains ont mis deux siècles pour élire un homme de couleur et de le réélire. Obama est Président des Etats Unis, une puissance économique, technologique et militaire, une nation conquérante et soucieuse de ses intérêts propres quelles qu'en soient les conséquences désastreuses pour le reste du monde.
    De ce fait je salue Obama l'homme mais je n'en ferai pas un totem pour l'adorer et danser tout autour.
    L'esclavage a changé tout simplement de couleur et il est plus inhumain.
    Hamady Zéramdini. Auteur.

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  3. Cher M.certains grands de ce monde méritent d'être "adorés", pas vrai ;) ? D'autant que nous vivons une époque de faillite d'idéaux de justice, de respect, de tolérance.Obama en totem et moi dansant autour, il y a quelque chose d'africain là, de cet africain montré du doigt comme primate. C'est le regard du colon britannique, hautain ;) ? D'accord avec vous sur un point cependant : la priorité des intérêts américains pour les Américains. Mais cela ne participe-t-il pas de l'architecture de tout édifice composé de forts et de moins forts? N'est-ce pas là le consensus des hommes depuis longtemps, la notion de groupe et de chef?
    Ceci dit et en dépit du fait que vous faites de moi une danseuse en transe autour d'un totem nommé Obama - j'aimerais bien ;)- je trouve votre réponse tout à fait réaliste mais que voulez-vous j'aime Obama ! Merci de votre réponse :))!

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  4. Un échange précieux avec un être envolé sans même avertir, ce n'est pas sympa.

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