Hédi est l’histoire d’un garçon devenu homme dans la sensibilité exacerbée, dans la maladresse du faire parental, entre excès et interdits, entre trop grand amour et trop grande rigidité, dans le deux-poids deux-mesures, dans une culture amorphe en manque de rébellion et de brisures indispensables pour une refonte exhaustive et davantage de liberté et de tolérance.
Hédi est l’histoire d’une vie sacrifiée par bêtise et léthargie de tous, car, si même les strates premières étaient sans aucun doute ratées, il aurait fallu être réactif de toutes les manières possibles, devant les situations biaisées qui s’étaient présentées par la suite, pour éviter les pièges, les glissades et les ruptures fatales.
Hédi, l’enfant délaissé, puis martyrisé, ensuite ignoré et au final abandonné …
Peut-être faut-il avoir à l’esprit que les enjeux dans la vie des jeunes gens sont de taille dans les cultures du bassin méditerranéen, que les définitions pluriséculaires de ce que signifie être un « hooommme » sont assez statiques, plutôt fort machistes, allant jusqu’à faire intervenir biceps et poils du menton … Et les choses se jouent assez tôt à l’âge des premiers boutons, quand pour exister on se fraie un chemin - épineux - à travers le regard de l’autre, de tous les autres.
Quand le besoin de reconnaissance ignore ou ne se soucie pas de la qualité d’autrui, que rien n’est encore en place, sur le plan saisissement des choses et des êtres, et, qu’il y a l’irrépressible désir d’être vu …
Un chaos psychique sous haute pression hormonale et sociale et, en situation de socle bancal, les bouleversements sont divers et fort marquants.
Hédi, le petit aux roses, devint un rouleur de mécanique sur fond d’écorché-vif. Le calcul mental, dans lequel il excellait comme personne, devint un souvenir lointain et il fit tomber de ses mains, livres et BD qui l’occupèrent longtemps.
À dix-huit ans commença sa descente aux enfers et il échappa à une destinée tranquille, rêve de tous les parents pour leur progéniture.
Il toucha à la porte des Enfers et n’en revint que mort, spirituellement, sentimentalement, socialement, avec un pouvoir décisionnaire totalement inopérant.
Son humanisme resta intact, sauf qu’en l’absence de force psychique, de force mentale et caractérielle, son utilité était réduite et n’était qu’ornement d’un dire répétitif et infécond, appelé politesse. Or, même la politesse n’a de mérite qu’en la présence d’un tout équilibré et cohérent. Il n’était que faiblesse.
- Je suis fini, je le sais. Et aucun muscle ne répond, j’en ai conscience. Je suis au moins en vie, c’est déjà ça.
Une vie de remous d'abord, de grosses vagues ensuite, de noyades multiples. Une vie sans objectif aucun, à trente ans, celle du beau Hédi dont le prénom signifie le calme.
Fin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire