dimanche 27 novembre 2022

Les fleurs d'amandier

 




Je me souviens de ce passionné des fleurs des amandiers, un enfant rêveur et un poète ontologique. Une sensibilité enfouie et des silences criants de passé, de secrets, de sillages divers … 


Nous portons tous des hontes et des écarts, des étoffes trop larges ou trop exigües qui laissent paraître des morceaux de notre nudité.

 

Pourquoi ? pensait-il. 

Égarement ? Croyances trompeuses ? 

Espoirs avortés et faux discernement.

 

Nous ne sommes même pas ressemblants. 


Il haïssait le Même, l’absence d’altérité et ces phrases sirupeuses répétées parce qu’il le faut.

Sans sens, propos creux, pour donner le change. 

Non, le sens n’est pas à trouver de ce côté-là.

 

Aucune fleur d’amandier, aucune crypte à décoder, pas d’éther qui vous aspire.


Nous portons nos hontes et nos erreurs. 


La musique aide à partir, les couleurs emplissent les yeux et les cœurs ouverts scrutent l’horizon à la recherche d’oubli et de nuages de coton.

 

Non, il n’est pas courant d’être poète, d’être l’entendant des cris silencieux de la beauté d’Ontos.


Hommage à toi, amoureux des amandiers fiers, vifs et éclatants. 

La perception des choses muettes est d’une vraie rareté. 

Hormis les jours de doutes. 


Parce que c’est la vie, si haut et si bas, si fort et si fragile, jusqu’à la tombée des fleurs d’amandiers.


Nous aurons vécu et eux après nous.

 







Devant la pierre glaciale, mais poétique, nous mîmes de l’Éluard et des rires :


 

Je suis entré dans la ronde 

De ta vie malgré le temps


Je t’accorde le temps de vivre

Et le temps d’avoir vécu


Tu m’accordes le temps d’être avec toi 

Comme un enfant.


 

              Paul Eluard, Les Derniers poèmes d’amour, Le Phénix, 1951, Paris.







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