Je me souviens de ce passionné des fleurs des amandiers, un enfant rêveur et un poète ontologique. Une sensibilité enfouie et des silences criants de passé, de secrets, de sillages divers …
Nous portons tous des hontes et des écarts, des étoffes trop larges ou trop exigües qui laissent paraître des morceaux de notre nudité.
Pourquoi ? pensait-il.
Égarement ? Croyances trompeuses ?
Espoirs avortés et faux discernement.
Nous ne sommes même pas ressemblants.
Il haïssait le Même, l’absence d’altérité et ces phrases sirupeuses répétées parce qu’il le faut.
Sans sens, propos creux, pour donner le change.
Non, le sens n’est pas à trouver de ce côté-là.
Aucune fleur d’amandier, aucune crypte à décoder, pas d’éther qui vous aspire.
Nous portons nos hontes et nos erreurs.
La musique aide à partir, les couleurs emplissent les yeux et les cœurs ouverts scrutent l’horizon à la recherche d’oubli et de nuages de coton.
Non, il n’est pas courant d’être poète, d’être l’entendant des cris silencieux de la beauté d’Ontos.
Hommage à toi, amoureux des amandiers fiers, vifs et éclatants.
La perception des choses muettes est d’une vraie rareté.
Hormis les jours de doutes.
Parce que c’est la vie, si haut et si bas, si fort et si fragile, jusqu’à la tombée des fleurs d’amandiers.
Nous aurons vécu et eux après nous.
Devant la pierre glaciale, mais poétique, nous mîmes de l’Éluard et des rires :
Je suis entré dans la ronde
De ta vie malgré le temps
Je t’accorde le temps de vivre
Et le temps d’avoir vécu
Tu m’accordes le temps d’être avec toi
Comme un enfant.
Paul Eluard, Les Derniers poèmes d’amour, Le Phénix, 1951, Paris.
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