lundi 28 novembre 2022

Parler à la mer

 




Quelle belle mort !

Fugace et directe.

Des roses blanches,

Et encore des roses blanches

Merci aux êtres de légèreté de tant de don de soi

Parce que l’amitié saine est belle 

Et ces jeunes si frais,

Si vrais. 

 

Et cette petite, ébranlée,

Mais très vite rationnelle,

S’enquérant d'elle au grain spécifique.

 

Oui, la mort peut être belle

Question de chance.

Pensées à tous les disparus pour ne pas céder au séparatisme des êtres

Même frigorifiés.

 

Pensées et hommages à vous tous.

Partis dans le froid,

Partis dans le dénûment,

Partis dans la colère et la corde choisie. 

Terrible.

 

La vie reste toujours au-dessus,

Parce que le soleil est vivifiant.

Jamais, je ne regarderai les extrémités,

Jamais. Ni ne les comprends. 

 

Le ciel, le bleu, les amandiers en fleurs …

L’art et le Beau, ma demeure définitive.

 

Et même s’il n’y a pas l’autre qui a l’oreille futée,

Le geste rare et pudique,

Il y a les autres à soulager. 

Il y a sourire et transmettre une charge humaine de rire et de don de soi.

 

Mais surtout pas d’impudeur,

Par détestation des leitmotivs et de l’insipide.

Aimer c’est se taire et sourire.

Et sûrement pas s’ébattre.

 

Carthage, par pluie et vents,

Dans la plus belle cité du monde,

Vide des ineptes,

A parler à la mer.






 

dimanche 27 novembre 2022

Les fleurs d'amandier

 




Je me souviens de ce passionné des fleurs des amandiers, un enfant rêveur et un poète ontologique. Une sensibilité enfouie et des silences criants de passé, de secrets, de sillages divers … 


Nous portons tous des hontes et des écarts, des étoffes trop larges ou trop exigües qui laissent paraître des morceaux de notre nudité.

 

Pourquoi ? pensait-il. 

Égarement ? Croyances trompeuses ? 

Espoirs avortés et faux discernement.

 

Nous ne sommes même pas ressemblants. 


Il haïssait le Même, l’absence d’altérité et ces phrases sirupeuses répétées parce qu’il le faut.

Sans sens, propos creux, pour donner le change. 

Non, le sens n’est pas à trouver de ce côté-là.

 

Aucune fleur d’amandier, aucune crypte à décoder, pas d’éther qui vous aspire.


Nous portons nos hontes et nos erreurs. 


La musique aide à partir, les couleurs emplissent les yeux et les cœurs ouverts scrutent l’horizon à la recherche d’oubli et de nuages de coton.

 

Non, il n’est pas courant d’être poète, d’être l’entendant des cris silencieux de la beauté d’Ontos.


Hommage à toi, amoureux des amandiers fiers, vifs et éclatants. 

La perception des choses muettes est d’une vraie rareté. 

Hormis les jours de doutes. 


Parce que c’est la vie, si haut et si bas, si fort et si fragile, jusqu’à la tombée des fleurs d’amandiers.


Nous aurons vécu et eux après nous.

 







Devant la pierre glaciale, mais poétique, nous mîmes de l’Éluard et des rires :


 

Je suis entré dans la ronde 

De ta vie malgré le temps


Je t’accorde le temps de vivre

Et le temps d’avoir vécu


Tu m’accordes le temps d’être avec toi 

Comme un enfant.


 

              Paul Eluard, Les Derniers poèmes d’amour, Le Phénix, 1951, Paris.







vendredi 25 novembre 2022

Un ciel bleu et des flocons de nuage

 





-       Cela fait bien longtemps !

-       J’ai vu un ciel bleu, quelques nuages flottants et cela m’a fait sentir le besoin de venir.

-       Merci au ciel bleu et aux flocons de nuage.

-       J’ai fini mon œuvre et elle est prometteuse.

-       Je n’en doute pas. Et ?

-       L’essentiel est dynamique. Je déteste le définitif.

-       Vous avez vos raisons.

-       J’ai eu Sarah au téléphone, elle a écrit un texte fort sur l’absence.

-       N’est-elle pas trop jeune pour cela ?

-  Elle sait mettre la pendule à l’heure et ne s’attarde pas sur le dysphorique. Mais mettre des mots des années après est respiratoire. Elle est trop solaire pour se renfrogner. De temps en temps, faire couler les choses est utile.

-       Si vous le dites.

-      Écrire est une deuxième respiration et nous vivons doublement, elle et moi, et tous les mordus.

-       La chance !

-       Oui, en effet. Elle a le regard aussi. Elle happe tout et saisit les choses d’emblée.

-       C’est fatigant cela.

-       Oui, mais ça reste une forte sensibilité. La doser est nécessaire.

-       Qu’avez-vous fait durant tout ce temps ?

-       J’ai écrit, évidemment. 

 

( Sourires )

 

-       Il me tarde de vous lire.

-       En décembre/janvier.

-       Cela vous a-t-il vidée ?

-       Assez, mais le pompiste est très vite repassé.

 

( Sourires )

 

-       Je vois que cela vous a enchantée.

-       Le jour où il viendra à s’absenter, ce sera la fin d’Ontos.

-       Vous êtes jeune.

-       Je trouve aussi. 

-       Des sorties ?

-     L’amitié est très rare. L’humain est très limité et M. Tout le monde n’est pas dans mes cordes. Certains spécimens sont intéressants, mais peu savent la valeur de l’intelligence. Je suis choquée par l’ineptie de la majorité et je refuse de mourir dans une contrée qui ne respecte pas la Nature. 

-       Un pays toujours à la dérive.

-      Des lecteurs m’ont écrit, ce fut un immense plaisir. J’agirais sur eux et j’en suis fort heureuse. Sans l’autre qui décode, le code est muet. J’aime les liseurs, ceux qui n’hésitent pas à descendre à la crypte, qui sont mus du besoin de saisir les choses. Des herméneutes. Nous disons. Ils entendent. D’autres encore s’investissent, avancent munis et encodent à leur tour. Nous transgressons le Silence et narguons la mort. 

-       La mort ne se laisse pas ébranler.

-       Peut-être, mais nous lui rions au nez et laissons des traces. Des traces reprises. Un peu comme les Trois Parques. Nous enfilons. Et transversalement, nous sommes Ontos et Vie. 


( Sourire éclatant )