Elle souleva la coupelle, plongea son nez dans le jasmin, huma les petites fleurs écloses. Évidemment un parfum, mais plus de signifiances, plus de transports, plus de mots, plus de désir. Pourtant cette odeur avait un tel pouvoir sur elle. Elle a été pendant longtemps, puissamment, inspirante, agissante et évocatrice. Ces petits pétales robustes avaient une telle force, leur parfum avait été si enivrant, emporteur. Une senteur qui montait, s’imbriquait dans les connexions synaptiques, les irradiait et enfantait désir et mots.
Un capital odorat en déclin, se dit-elle. Les fulgurances ont un âge, des êtres exponentiels, un temps et des effluves marins.
Le jasmin d’Orient se fane, le nez raccourcit, la mémoire est froide désormais. Le temps d’aujourd’hui est court et plat.
Sophie inspire de nouveau, s’emplit les narines, dilate ses bulles d’air.
- Fragrance des nuits d’été embaume, flatte que j’encode et saisisse !
( A suivre )
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