lundi 3 novembre 2014

Lettre d'Eva. VIII.

VIII.

Depuis la rencontre de la rue Mogador, Eva est autre. Cet homme-là est différent, très différent. Elle avait ri au départ, elle ne rit plus maintenant. Une gravité. Cet homme si désemparé au début a tout pris d'elle, tout bêtement son cœur mais aussi ses années de vie. Et puis, il y a Claire. 

" Mon maître à moi, c'est vous

Un Homme éclaire ma vie, de ses yeux graves et chargés de sens.
Il vaut tous les hommes.
Il s'est superposé bon gré mal gré, au départ, et le voilà chevauchant tout mon être et mon corps aujourd'hui. Je l'aime gravement et j'en ai peur.
Cette chose qui vous emplit la poitrine est quelquefois insoutenable, je l'ai dans mes yeux et dans mes rêves, dans mes mains encore coulant et dans mon cou.
Je l'ai au plus profond de moi-même remuant et tendre. Je l'ai dans mes oreilles et dans ma peau tout contre mon cœur.
Et je palpite de tout mon être au simple clignement des yeux. Une ardeur à calmer pour étirer le temps.

Cet homme-là est venu à un moment crucial, un moment intense où chaque instant de vie est pressenti et senti et vécu comme le dernier.
Je le veux tous les jours et tous les instants et j'ai peur de mes peurs. J'ai peur de ses absences, j'ai peur de trop l'avoir au fond de moi dominateur et tellement essentiel. Il est l'Essentiel, mon tout et désormais le sens à mon corps et à ma vie.

Cet homme est beau, cet homme est Homme, cet homme est compréhension et lumière. Il coule en moi et je m'abreuve à sa vie, à sa voix, à son brio, à ses silences, à ses regards. J'ai honte de trop plonger dans ses yeux par peur de cet amour si fort et si envahissant. Par peur de voir son importance dans ses yeux.
Quelle chance de l'avoir en moi et dans ma vie et quelle peur de ne plus pouvoir se passer de lui !

Oui calmer des sentiments qui débordent sinon plus rien n'a de sens que lui. Et la passion vous brûle et vous tue. Je crois qu'à cet homme, je donnerai tout, tout naturellement. Il les vaut tous et je veux qu'il le sache. Cet homme est mon Homme et je meurs de lui.

À en pleurer d'émotion."


Eva.

Eva avait honte de regarder un homme dans les yeux. Eva pleurait d'émotion et Eva a toute sa vie été regardée bizarrement. Elle savait et elle s'en fichait ou elle faisait semblant. Et puis cet homme, ce regard, cette volte-face dès l'instant où il prit sa décision. Il l'aimait, elle le savait. Malgré tout. Malgré tous les autres.

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