dimanche 9 novembre 2014

Claire. IX.

IX.

Claire était une femme rare. Elle avait tout parfait : belle, élégante, calme et compréhensive. Elle le savait troublé depuis quelques mois et n'en disait rien. Elle était tout sourire, son intérieur impeccable et ses apéritifs des moments de purs délices. Elle faisait tout ce qui lui plaisait, tout ce qui lui avait toujours plu. Elle diversifiait et alternait, elle mettait à chaque fois une touche nouvelle soit dans les ingrédients mêlés et offerts, soit dans la déco, soit dans le choix des vins ou des liqueurs. Et puis, elle se faisait belle et légère. Et elle était très belle et très classe.

Et il était troublé. Une sorte d'aiguillon profond. Elle n'y avait pas accès et savait son impuissance. C'était entre lui et lui. Et quand il se leva d'un bond pour sortir par cette nuit " respirer de l'air frais ", elle comprit que c'était là un moment où quelque chose pouvait arriver. Et ce fut Le moment.

Son Homme était dehors à la dérive, à la cueillette et elle n'y était pour rien. C'était la vie, la fragilité des hommes et l'émotionnel. Il n'avait pas eu son lot d'émotions et il était à la recherche d'une charge, d'une altérité, d'un sens.

Poésie ou l'impérieux besoin de dire


A ceux d'entre vous qui croient aux mots.

Un jeune homme qui éprouve le besoin d'écrire, qui suit les mots et les combine, en fait une signifiance ou arrive à la signifiance au détour des constructions...
un besoin impérieux et surtout un soulagement.


Mon corps a faibli ma rage a maigri cherchant la haine que j'ai perdue et délaissant les pains que j'ai eus.
Fier d'être de retour de ce voyage sans destin juste un chemin Un chemin sans fin.
                                                                                            

                                                                                                                     Omar B.

lundi 3 novembre 2014

Lettre d'Eva. VIII.

VIII.

Depuis la rencontre de la rue Mogador, Eva est autre. Cet homme-là est différent, très différent. Elle avait ri au départ, elle ne rit plus maintenant. Une gravité. Cet homme si désemparé au début a tout pris d'elle, tout bêtement son cœur mais aussi ses années de vie. Et puis, il y a Claire. 

" Mon maître à moi, c'est vous

Un Homme éclaire ma vie, de ses yeux graves et chargés de sens.
Il vaut tous les hommes.
Il s'est superposé bon gré mal gré, au départ, et le voilà chevauchant tout mon être et mon corps aujourd'hui. Je l'aime gravement et j'en ai peur.
Cette chose qui vous emplit la poitrine est quelquefois insoutenable, je l'ai dans mes yeux et dans mes rêves, dans mes mains encore coulant et dans mon cou.
Je l'ai au plus profond de moi-même remuant et tendre. Je l'ai dans mes oreilles et dans ma peau tout contre mon cœur.
Et je palpite de tout mon être au simple clignement des yeux. Une ardeur à calmer pour étirer le temps.

Cet homme-là est venu à un moment crucial, un moment intense où chaque instant de vie est pressenti et senti et vécu comme le dernier.
Je le veux tous les jours et tous les instants et j'ai peur de mes peurs. J'ai peur de ses absences, j'ai peur de trop l'avoir au fond de moi dominateur et tellement essentiel. Il est l'Essentiel, mon tout et désormais le sens à mon corps et à ma vie.

Cet homme est beau, cet homme est Homme, cet homme est compréhension et lumière. Il coule en moi et je m'abreuve à sa vie, à sa voix, à son brio, à ses silences, à ses regards. J'ai honte de trop plonger dans ses yeux par peur de cet amour si fort et si envahissant. Par peur de voir son importance dans ses yeux.
Quelle chance de l'avoir en moi et dans ma vie et quelle peur de ne plus pouvoir se passer de lui !

Oui calmer des sentiments qui débordent sinon plus rien n'a de sens que lui. Et la passion vous brûle et vous tue. Je crois qu'à cet homme, je donnerai tout, tout naturellement. Il les vaut tous et je veux qu'il le sache. Cet homme est mon Homme et je meurs de lui.

À en pleurer d'émotion."


Eva.

Eva avait honte de regarder un homme dans les yeux. Eva pleurait d'émotion et Eva a toute sa vie été regardée bizarrement. Elle savait et elle s'en fichait ou elle faisait semblant. Et puis cet homme, ce regard, cette volte-face dès l'instant où il prit sa décision. Il l'aimait, elle le savait. Malgré tout. Malgré tous les autres.

dimanche 2 novembre 2014

Cet Homme est le mien et je m'appelle Eva. VII.

VII.

Parce que dans l'Existence, il y a des hommes et des femmes, une chaumière et du bric à brac, un ventilateur pour aérer une maïeutique fantasque souvent.
Un Homme est assis à un bureau d'époque, à la surface ébréchée par endroits, un magnifique bureau et un Homme dans toute sa splendeur d'entité réflexive.

Il lisait, réfléchissait et écrivait, s'arrêtait, reprenait et en proie au désir impérieux d'étayer, il lui arrivait d'interrompre son travail. Un Homme de travail, mi-fermier, mi-philosophe en attente de signes et profondément imprégné.

Les journées d'été sont longues et chaudes et toutes en impressions. Cela bruissait et cet Homme attendait dans un corps sain et travaillé. Un corps maîtrisé et commandé.

Je me plais à me frayer un chemin à lui, à lui, dans la douceur du silence. Cet Homme est à moi. Ses yeux sont mes yeux, sa main est ma main et sa peau est mienne.

Je me plais sur la pointe de ma plume à envahir son espace d'homme, ses idées et son entité. Je le veux mien avec ce corps qui respire et cette réflexion qui s'exerce.
Quelle belle chaumière et quelle belle trame, une traversée longue de senteurs et de saisissements, un homme à la peau tendre que mes sens chérissent et dont rêve mon moi.

Et ce ventilateur aux pales poussiéreuses qui me nargue pour l'heure et dont je rêve la posture.