samedi 29 juin 2013

L'initiative nationale pour un front démocratique, El Bedira.

Nous vivons, en ce moment, en Tunisie, dans la conscience forte du processus historique de notre pays. C’est assez rare et les enjeux sont fortement importants. Il tarde de bâtir une république nouvelle.

La révolution ou, ce qu’on appelle ainsi,  nous a exaltés, nous laisse pantois, trop pantois. Si l’expression est libre, s’il n’y eut jamais autant de débats politiques, de partis politiques, la visibilité, elle, est inexistante et l’inquiétude grande.

Nous avons commencé par assister, indignés, à l’arrivée d’ici de là de prédicateurs avec tout l’attirail saintement marketing : robe blanche immaculée, montre or-diamants, grosse cylindrée, souci du timing avant le prêche…en réalité, un vrai phénomène de société orientale et un « concept » plutôt nouveau pour la Tunisie. Un regard incisif voit tout de suite l’aspect purement commercial et bien entendu l’utilisation politicienne. La monnaie trébuchante s’entend et les oreilles averties saisissent  l’entourloupe. La Tunisie a vite fait de s’ouvrir aux commerçants de Dieu.
Après cela, il y eut la naissance grâce, entre autres, au chômage florissant,  des ligues de protection de la révolution. Il s’agira en fait de protéger la révolution d’elle-même et de ses objectifs. De la détourner. 
Les appels au travail, à la liberté, à la dignité devinrent main forte prêtée aux agents de sécurité du MI. Protéger la révolution devint donc promouvoir l’action gouvernementale et s’attaquer aux manifestants. Pour le moins paradoxal.

Naissance également à tour de bras de partis politiques, d’ambitions carriéristes, d’égo  surdimensionné…
La Tunisie est bien trop petite pour pouvoir tout digérer d’autant que le temps d’assimilation ne lui fut pas donné.
Un trouble réel existe aujourd’hui et une vraie anxiété : les lendemains seront-ils meilleurs ?
Car pour l’heure tout va à vau l’eau. Le chômage s’amplifie à vue d’œil, le tourisme est au point mort, la violence augmente, les régions de l’intérieur et les campagnes sont dans un  état d’abandon accentué.
On est même arrivés à l’assassinat politique sans parler de ce que l’on tait parce que plutôt particulier, l’impact grandement nocif du stress lié aux événements politiques sur la psychologie et l’équilibre du Tunisien.
Où va-t-on ?
Que sera l’avenir de nos enfants ?
Les objectifs de la révolution seront-ils atteints ?
Travail, liberté, dignité seront-ils le lot des Tunisiens ?
L’alternance dans l’exercice du pouvoir prendra-t-elle racine et deviendra-t-elle effective ?
Parviendra-t-on à étouffer dans l’œuf ce que nous connaissons depuis 50 ans : le Parti-Etat aux mœurs louches, aux méthodes pour le moins déloyales et peu orthodoxes ?

El Bedira ou l’initiative nationale pour un front uni des forces démocratiques paraît être aujourd’hui l’alternative louable pour contrecarrer un projet potentiellement dictatorial et théocratique.

Qu’est-ce que El Bedira ?

Une initiative citoyenne qui a pour objectif de rassembler toutes les forces démocratiques du pays, tous ceux qui partagent le même projet politique : démocratie, état républicain, respect des libertés, état de droit, parité, citoyenneté…
Il s’agit donc d’asseoir les bases réelles et incontournables de l’Etat civil.
Les participants viennent de plusieurs régions : Bizerte, Sousse, Sfax, Nabeul…
Rassembler ne signifie en aucun cas perdre sa couleur, le timbre de sa mouvance, il ne s’agit pas de se fondre ni de perdre son identité partisane, politique. Il s’agit tout d’abord d’être lié par le même objectif : l’Etat civil républicain et démocratique.
Ce rassemblement doit pouvoir prendre de l'ampleur, il doit être la preuve concrète que la leçon a été retenue. La Tunisie de l'heure n'autorise pas l'égotisme ni l'ambition personnelle. La Tunisie du moment a vitalement besoin d'inscrire définitivement dans ses pratiques politiques l'alternance dans l'exercice du pouvoir, de garantir le respect des libertés. La 1ère pierre est à poser et à poser durablement.

L'initiative nationale pour un front uni, El Bedira donc, regroupe et regroupera un composé cosmopolite de partisans, de syndicalistes, d'indépendants, de militants associatifs...car la différence ne pose pas problème quand la ligne directrice première est commune.

La famille démocratique est grande, très grande et c'est tant mieux mais l'heure historique tunisienne n'admettra pas l'ambition personnelle.
Il  s'agit de mettre sur pied une Tunisie nouvelle, réellement démocratique qui barrera la route aux débordements passionnés, aux délires paranoïaques et aux ambitions hégémoniques nourries de programmes extérieurs gravement nuisibles à la souveraineté nationale.

Aujourd'hui, le recul dans tous les secteurs, la violence, l'anxiété sociale, l'incompétences de certains politiques aux commandes, la pieuvre partisane qui déploie ses tentacules et tente d'assiéger le mental des gens simples, tout ceci devra nous pousser à regarder du côté d'El Bedira, à prêter l'oreille à une idée au final très simple : s'unir pour garantir démocratie et libertés.

Nabil Ben Azouz, coordonnateur de l'INFU, militant, agitateur d'idées, historien ne cesse de  marteler une attitude politique moderne qui lui tient à coeur et qui  consiste à agir par le bas sur les dirigeants de partis.
Une idée phare : nous devons, toutes particularités confondues, et en tant que force vive agir sur les décideurs de notre famille politique. Tant la verticalité est désuète, abrutissante et dangereuse.

Un dirigeant est exposé à la mégalomanie, voilà pourquoi il faut se faire entendre quand on est adhérent à  un parti. Les lignes déterminantes exigent la participation de tous, elles doivent émaner des bases, des partisans qui constituent une force de par leur nombre, l'essence même d'un parti et son bon sens.

Démocrates de tous bords, votre salut est dans l'union, dans la participation à  la prise de décisions qu'il faut savoir insuffler, dans votre détermination à être des adhérents agissants afin de doter la Tunisie de traditions démocratiques qui, elles, seules, sauveront nos enfants de la laideur et du danger de l'embrigadement et de la perte de leur tunisianité. 



Votre existence VOUS appartient, soyez libres C’EST précisément
votre humanité. Sam SZ  

samedi 1 juin 2013



La coupe est pleine...Mona Belhadj...Fièvre du 14...


I
Elle a un peu plus de quarante ans, une fraîcheur générale certaine et une vie belle. 
Récemment, elle publie une photographie d'elle où on peut aisément voir le comble du comblement par botox. Une Créature. La fragilité est humaine, le réflexe du faux aussi, chez les autres surtout. Les réseaux de communication relayant tout et n'importe quoi, des commentaires à tour de bras :  des exclamatives en exclusif : beauté et naturel.
Comment peut-on être hypocrites à ce point-là ! Incitation au suicide lent et au terrorisme plutôt. 
L'amitié est une denrée rare.

II
Je me souviens de toi, partie trop tôt, en deux, trois semaines. Incompréhensible décampement. Je me souviens quand pré-adolescente, tu disais de ton géniteur anesthésiste qu'il  était au-dessus de l'infirmier et en-dessous du médecin avec un air explicatif on ne peut plus sérieux. Nous en sommes encore là aujourd'hui avec l'innocence de la grande enfance en moins. Modernes mais pas tant que ça, croyants mais pas comme il faut, pratiquants mais pas ainsi, incroyants pas question. Surveiller oui mais corriger en violentant surtout. Enfin, tout et n'importe quoi. Un délire national qui remonte à loin, une société multiple où tout un chacun est un petit chef. Où tout un chacun entend corriger l'autre sans penser à commencer par soi. 
Une dame,dans la fleur de l'âge, 77 ans, intelligente et attentive, près d'un siècle de chance comme elle sourit à le dire, courte école et lectures, de ces temps-là, elle retient de la vie la nécessité de prêter l'oreille aux autres. Dans la déroute, elle s'inquiète de l'avenir de la Tunisie :  la dépression durera longtemps, n'est-ce pas? ça remonte à la colonisation, frustrations, et collage culturel, pauvreté et apprentissage artificiel? Un impérieux besoin de se faire entendre et toutes les couleurs sont bonnes à prendre?
Oui, que des couleurs et ça brouille la vue : religion(s), variantes, sabres et sang, sacrifices, bouc émissaire et femmes, sexe et tabous, misère et argent, appât et détournement...Seule force salvatrice : la raison. En perte de vitesse.
Prendre exemple et poser les bonnes questions et sans tomber le moins du monde dans le cheikhisme, prendre la graine de chez les seniors intelligents.

III
Mona Belhadj est artisane. Une jeune femme curieuse et patiente. Elle a pour elle, la discrétion et l'humilité de ceux qui aiment renaître à chaque fois avec des atours différents. Femme de plume, de radio, de menuiserie artisanale, de sculpture-peinture, elle aime se multiplier presque dans le silence et la détermination. Et elle y arrive. A force de demander à apprendre, à force de regarder les autres faire, de s'en imprégner et de s'y mettre, sans rien promettre dans un premier temps. 
C'est une Palice : l'art est mimesis avant de se confirmer art personnel. La dernière exposition de M.Belhadj est une confirmation de la sensibilité de l'artisane, de son désir de faire. Des peintures hautes en couleurs sur du bois frotté, buriné, sculpté, marqué. Des points de tapis en pichenette y faisant figure de notes amusées, un air mi-kairouan, mi-afrique sur une toile de fond résolument moderne. Un rouge ancestral obstiné, tout en stries et un bleu libre, mêlé à un vieux doré dans une sorte de cercle de signes à décrypter à sa guise.

Mona Belhadj a travaillé minutieusement, a reculé, a observé, est retournée, a retouché, a placé la couleur, a essuyé le surplus de couleur, s'est beaucoup impliquée. Un travail d'artisane qui laisse transparaître une force tranquille, une intelligence certaine, une belle simplicité humaine et une détermination sans faille.

Galerie Mille feuilles, La Marsa, finissage le 8 juin.
Mona Belhaj, "Libre Parcours", Samedi 18 Mai.

IV
La grande solitude, puis l'enfermement dans les murailles difficilement franchissables de l'esprit malade, la névrose est largement partagée mais la psychose, c'est quand même bien des crans au-dessus.

Le Tunisien va mal depuis deux ans, depuis ce qu'on ose appeler "révolution", depuis l'explosion de la boîte de Pandore. Toutes les odeurs ne sont pas des fragrances et les puanteurs sont multiples. Oui, ça a rudement bougé depuis, oui les langues se sont déliées, oui nous roulons à la vitesse grand V dans certains coups de gueules médiatiques très discutables : femen...Modèles d'actions-réactions d'importation, anachroniques qui ouvrent grandes les portes de l'illégal et qui font primer la morale sur le droit ( on détient une jeune fille avec un motif d'inculpation pour le moins irrecevable )...Le Tunisien est pris d'assaut par 36000 dysfonctionnements, ses neurones emboîtent difficilement le pas, il est assiégé par les soucis, l'insuffisance financière, il est sans bride (imposée puis devenue machinale et déresponsabilisante à souhait) d'un coup et bien d'instincts bestiaux ne demandent qu'à s'exprimer, l'administration roule à 10 à l'heure, les factures s'amoncellent, le chômage s'est durablement enraciné, l'avenir est sans visibilité, on entend pour la 1ère fois parler d'ambitions nouvelles : mourir en Syrie, s'y prostituer par militantisme religieux, c'est selon. Récemment, vitesse grand V donc, militer et faire admettre l'homosexuel "islamiste" ( sur le modèle américain de l'homosexuel protestant ) et, cerise sur le gâteau, la psychose évoquée tout au début, trancher son organe  - d'un geste mille fois répété -et le donner en offrande aux forces de l'ordre pour contribuer à l'urgent essor économique.
Même avec cela, pauvre homme, ce sacrifice, avec cette générosité fortement et gravement pathologique, la boîte n'est pas près de se refermer.

Nous mourrons dans les remous de ce qui suit un bouleversement, de ce qui précède, et je reste positive malgré tout, l'inscription d'une régularité, d'un équilibre.
Pour l'heure, le corps réagit, s'enfièvre, s'infecte, hurle, tente de rejeter, se mêle les pinceaux...