mardi 12 février 2013


L’étranger

Je vois
Je suis l’étranger
Peut être
Un étranger sans ailleurs
Je sais
Je ne porte aucun visage
Aucun nom
J’ai tout abandonné
Un visage, un nom
Et mes livres aussi
Dans les tavernes sombres de la ville
Je te donne la liberté
De me donner
Le visage que tu veux
Le nom de ton chien
Ou celui d’un roman
Je te parlerai
De mon corps meurtri
De l’hiver et des amandiers fleuris
Des mimosas bordant la plage
Du ciel d’été
Et du seul nuage
Naviguant sans voile vers le nord
Je sais
Ma vie n’est pas un jardin
Je suis l’étranger
Ne détourne pas ton regard
Tes yeux sont mon miroir

Med Zéramdini
Journal d'un aveugle voyant
Auteur de: "Les miroirs intérieurs"

mercredi 6 février 2013


Enchevêtrements


Les yeux en berne et le regard dépossédé. Le coeur froid et l'enveloppe machinale. Il suinte du vide alentour.
Et puis des serrements et des serrements, de la bêtise et de la bêtise, une main crapuleuse et même plus de route.
De la déroute à en hurler et un essaim de choses sans harmonie aucune. L'espace s'est tu, le pays se meurt. L'écoute n'est plus et le vis à vis se perd.
Comment y voir, comment évoluer, comment apaiser tant de discordances?
Des voix et des voix et tant de paysages. Du laid, du fort, de l'altéré et du ruminé. Du beau et du beau à en faire envie, à en faire rêver, à en espérer. Mais le ciel est lourd et les nuages trop bas, le parterre gluant et l'Homme inconscient. La lumière est bien loin et le laps sûrement court.
Et pourtant. La voix est là, le battement rythmé, le sourire ne veut que dire des pages et des feuillets. Tant il  est vrai qu'on égrène ses instants, qu'on feuillette son ouvrage avec des rires et de l'oubli.

Est-il encore temps d'espérer la paix, d'entrevoir la promesse d'une liberté vraie, d'arracher des mains creuses les armes déposées et d'y planter les perles d'un à-venir éclairé ? 

A toi, si loin et nulle part, à toi scellé, sombre et rebelle. A toi éteint et bizarrement si lumineux, année après l'autre. Car elle fut pour toi propulseuse de vie et de folies.