Mon humanité est ma liberté.
Il m’a souvent semblé dans ma solitude et dans mes interrogations que le traumatisme de la naissance est responsable, dans la violence de la glissade, d’un oubli profond d’une science préexistante, d’une connaissance de la Vérité, de la Réponse. La solitude a son prix, me diriez-vous. Je vous rassure : c’est la solitude de l’ascèse, sobre et claire et l’entendement y est entier.
Cette Vérité qui part dans la foudre du jet, qui fait demi-tour devant l’étroitesse de la porte de sortie nous revient au moment du Départ, de la Mort. D’où cette durée variable de l’agonie qui est re-connaissance, réminiscence et retrouvailles. Affaire de matrice encore et toujours. Vue personnelle également.
Il y a des moments réels où cette conviction est forte, où l’hypothèse est loin, où les choses semblent si évidentes. C’est affaire de solitude, certes, qu’est-ce que l’esprit ne s’autorise pas, mais c’est aussi affaire d’angoisses, de réflexions, de désir de saisir des explications concrètes, une réponse, mieux La Réponse.
Oui, j’ai souvent l’intime conviction que l’être humain Savait, qu’il a Oublié dans la précipitation et qu’il saura de nouveau au moment du Grand Départ.
Dans sa sortie au monde, son moment zéro hors matrice - bien que d’autres comptent l’âge dès la conception - dans son oubli de la vérité de l’Être, de la clarté métaphysique dont il avait connaissance, l’Homme est fragile, dépendant, inachevé physiquement, à la merci d’autres hommes. C’est là que va commencer son calvaire. Sa dépendance.
Le nourrisson, le bébé, l’enfant, l’adolescent, l’adulte, le quinquagénaire…l’octogénaire, le nonagénaire ( chance ou malchance, c’est selon ! ) et immanquablement la Mort. A chacune de ces étapes de vie, de divers bords, des réponses, des oui et des non – nombreuses ces dernières – des objections, des heurts, des affronts, des échecs, des victoires…L’Homme y perd de sa liberté et c’est une nécessité souvent. Mais qu’il en perde beaucoup ou qu’il la perde, il y a vacuité pour lui et dommages pour les autres.
Qu’en est-il de la liberté dans la vie de l’Homme ? Liberté totale ou liberté dosée ? Jusqu’où est-elle nécessaire ? Dans quel cas, la liberté ne fait-elle pas peur ? A-t-on la légitimité d’entraver les libertés ?
La liberté est inhérente à l’Homme. Quelle que soit la dépendance, elle est de courte durée. Un Rwandais de 5 ans qui a perdu sa famille entière, de toutes parts, lors du génocide, survit et ne meurt pas sauf s’il est tué. La liberté est en l’Homme, dans ses yeux, ses mains, ses envies et ses désirs.
La liberté est très rapidement réduite sinon elle devient danger. Un enfant en bas âge qui se trouve sur un toit en tombe, s’il n’y a pas sur lui le regard vigilant d’un adulte. De même, si l’attention des autres vient à manquer, il peut mettre dans sa bouche un champignon vénéneux. Etre dépendant d’un tiers, dans ses cas-là, rapetisse le champ d’action et c’est heureux.
La liberté est vie. Elle nous autorise la connaissance, la compréhension. Elle est élan, avancée, expérimentation et expérience, départ renouvelé. Il est inconcevable de s’en passer sous peine de vide, de néant, d’absence. La liberté est à la base des réalisations humaines, de la science de l’Homme et ce, dans les deux acceptions du mot.
La liberté permet la connaissance, la connaissance permet la mainmise de l’Homme sur ce qui le dépasse, la mainmise de l’Homme l’oblige à s’adapter. Dans mon ignorance des dangers du feu, je tends ma main, elle brûle, j’apprends à ne plus le faire et je me réchauffe à la bonne distance. La connaissance, l’expérience et le savoir réduisent les risques inhérents à la liberté.
Ma liberté est précieuse, je l’ai connue dans les flancs de ma mère, du temps où je nageais dans le liquide de vie, j’en ai perdu pas mal dans l’oubli de la Vérité, j’en cède tous les jours dans l’apprentissage de la vie. Ce qu’il m’en reste est coûteux, il me permet d’avancer, de désirer, de faire et de créer. Son prix est le prix de la vie.
Qui donc a le droit de l’entraver ? Qui donc se donne le droit de l’entraver ? Qui a la légitimité de toucher aux libertés ? Mise à part notre volonté d’Hommes libres.
Le besoin de liberté est synonyme de vie dans le sens où l’intérêt de la vie réside dans le Faire, où la valeur humaine est, d’abord et avant tout, réalisations et produits ( dans le sens de créations ). Sans liberté l’Homme n’est rien, ne fait rien. Il est dans l’attente de sa mort tel un ver de terre. Mon humanité est ma liberté et ma liberté est mon intelligence. ( Gare à qui s’y frotte. )
Samia Sehili Z.
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