dimanche 14 septembre 2025

Les Furieuses, 1

 

La fronde des femmes de Toundzy














 



Sur l’île, après le pugilat, une cellule d’écoute fut, vite fait, mise sur pied. Les femmes étaient en effervescence. Elles s’étaient tues pendant tellement longtemps, avaient encaissé le machisme de leurs hommes, s’étaient soumises par peur du statut de divorcée, de répudiée, d’oubliée et de désertée. Et leur vie fut employée à servir, à s’oublier, à se taire et à ronger son frein intérieurement. 

H'léla* fut la première à lever la tête, après plus de 25 ans de violence. Et de quelle manière ! Une de ses voisines, n’en revenant pas, dit : 


 

-      La semaine dernière, nous étions ensemble devant le lycée, nous attendions les résultats. Elle était souriante. C’est la femme la plus douce et la plus sensible que je n’ai jamais connue. C’est impossible que ça soit elle.


 

Après ce fut au tour de Marie, importée de Bretagne et vite asservie, elle aussi. Rapidement, il lui expliqua qu’elle avait la charge de ses parents, de ses jeunes frères et qu’elle devait être à leur service, qu’elle serait nourrie et logée, à cette condition. Il prit soin très tôt d’effacer toutes les traces originelles et tous les papiers. Trente ans de labeur et d’asservissement et il fut attaché à son lit, une nuit de grande ivresse et battu aux fractures des membres supérieurs, ceux-là qu’il mania de la manière la plus brutale durant longtemps et quand il avait des coups de pinard dans le nez et des coups d’ennui les lundis et mardis soir, jours creux au travail.

 

Leïla, elle, fûtée, rapide et sans indulgence aucune, porta plainte contre lui pour consommation de cannabis à la troisième scène de ménage. Elle l’avait avisé pourtant, mais riche de son ascendant de mâle, il ne la prit pas au sérieux. Il faut dire qu’il avait l’esprit enfumé du matin au soir, ce qui ne l’empêchait pas d’exprimer des envies criminelles. 

 

-             Je te fumerai un jour, lui disait-il.

 

Et elle l’envoya se reposer les neurones au trou des borderline, pour longtemps. 


Pas moins de six familles en lambeaux cet été-là et pourtant la responsable de l’Association leur avait bien expliqué qu’il ne fallait pas contrer la violence par la violence, mais bien par les droits. Les faire valoir dans le calme et s’il n’y a pas de prise de conscience, se diriger vers les hommes de lois. Mais les dommages étaient tels sur certaines, les plaies suintantes et douloureuses, l’estime de soi réduite au néant, le silence et la soumission si vieux déjà, qu’il y eut la déflagration, l’acte de H'léla et en chaîne, les remue-ménages qui ont immédiatement suivi. 


La fronde des femmes de Toundzi, le village des hommes aux poings impitoyables.

 










 

« ( … ) Quand il vint me dire qu’il revenait, je lui dis non, sèchement, peut-être même violemment. Pourtant, son visage était illuminé, ouvert et engageant. Mais c’était non, parce que je savais qu’il mentait. Qu’il ne savait pas naviguer contre lui-même. Et que je n’avais pas à vivre ses souffrances vieilles de mille ans. Pourtant, je l’aimais, mais, à ma grande chance, j’appris à me préserver et je retrouvai le goût inégalé d’une liberté bradée très tôt. 

 

Après, un vieil ami tint à m’exprimer sa solidarité et je vis, très vite, qu’il mentait aussi et qu’il crut, à son tour, que j’allais brader ma personne, ma fierté et mon être profond. Pourquoi mon être profond ? Et bien, parce que nous étions à l’opposé l’un de l’autre et qu’il ne jouait pas franc jeu. De surcroît. 

 

Je n’avais pas à m’inquiéter de la solitude. Je n’étais jamais seule. J’étais même flanquée en permanence de la bande à Bader. Ou presque. Ils tournaient en boucle et je n’avais qu’eux pour avancer. Quelquefois, je faisais du forcing : ils me fatiguaient trop, ne comprenaient pas que mes aptitudes battaient un peu de l’aile … Bref, je leur revenais en permanence et on finissait par trouver des issues. Toujours. Au prix du temps quelquefois. Celui-là ne sait qu’avancer, tête baissée.

 

Et puis, ce qu’il faut dire, c’est que la vraie amitié est extrêmement rare et je lui voue une telle considération que peu de mes amis arrivent à m’emboîter le pas. Difficile. 

En vérité, tout dans la nature humaine obéit au diktat de « Je m’aime par-dessus tout », qu’il soit conscient ou inconscient. Et il faut savoir dire non. Pourquoi ? Parce que nous sommes dotés d’une matière grise, d’un pouvoir décisionnaire et que nous avons la capacité de bâtir notre être au monde. Du moins, les plus fûtés d’entre nous. C’est important. Très.

 

Les plus fûtés. Une minorité. On joue donc le jeu, quelquefois. Juste pour être un peu au monde. Assez bêtement. Pour ne pas se faire exploser la cervelle à force de cogitation. Il n’y a pas d’amour heureux. Évidemment. L’amitié ? Un subterfuge. Évidemment. 

Mentir est d’une grande utilité et heureux sont ceux qui savent manier les mots pour construire des billevesées et des coquecigrues. Légion.

 

Et de surcroît, ils n’ont pas tort. Je suis tellement stupide de raideur. Un bâton dans le f… Oui, oui. Pure vérité. Je me souviens de mon psychothérapeute qui me disait, alors, que je descendais de la famille d’Œdipe. Il ironisait pour me signifier mon ridicule. Pourtant, je lui dis que j’étais née dans les livres, mais il en grillait tellement qu’il avait l’esprit enfumé, le praticien.

Et puis, ces médecins-là, au bout de deux ans de pratique, ils perdent le nord. Le ciboulot, pour dire les choses. À écouter, se frayer un chemin, séparer le bon grain de l’ivraie, expliquer au patient - quand c’est possible - arrêter une stratégie et la mettre en pratique.

Pour ensuite et fréquemment constater que le patient était de nouveau à la case départ et qu’il avait tout démonté, méticuleusement. Le mal existe. Il est au fin fond de l’esprit joueur. Celui-là qui prend toutes les couleurs, exactement comme le caméléon. Comment ne pas y laisser des connexions synaptiques ?

 

J’ai vu, il y a peu, un faux ami. Un enfant de cinquante ans qui pense pouvoir manipuler les autres, les agencer à sa manière et idéalement les soumettre. Il passe par une aire de désir de puissance. Je pourrais en rire, mais je demeure scotchée devant un tel campement sur soi-même. Un enfant boudeur, obstiné, accolé à la colonne qui jouxte les robinets du préau, à regarder ses camarades jouer dans la cour d'école, d’un air pincé et hargneux. Il imaginait les tours qu’il pouvait leur jouer, diaboliquement, pour les faire tous échouer. Il est seul et passe son temps à échafauder des plans. Du temps jeté, perdu, en voici en voilà, dans l’inconscience complète de la valeur du temps. Ce n’était pas ses camarades. Il n’en eut jamais.

 

Voilà. » 

 


Elle se tut, regarda l’homme. Elle voyait bien qu’il n’y comprenait pas grand-chose et ajouta :


 

« Ils nous ont cassées, bruyamment. Beaucoup d’entre nous y ont répondu. A leurs manières, à notre manière, sans bruit. En réalité, vous êtes étonné parce que je ne suis pas stupide. Les autres non plus. Et nous ne sommes pas si différentes les unes des autres, bien que je sois un produit d’importation. Et d’exploitation. Non. Et puis, je vous ai raconté des tas de choses en vrac, c'est que je me tais depuis trente ans. Mais je tiens un journal et ça m'a fait tenir. Je suppose que vous allez toutes nous écouter. Vous vous y perdrez. On s'est sacrifiées, certes, mais chacune a son souterrain. Heureusement. Des crapules, voilà la vérité. H'léla a été au final la plus courageuse. Je le pense. »






*H'léla signifie croissant levant. Prénom souvent attribué aux très belles femmes.


À suivre 







vendredi 12 septembre 2025

Samia Attya Galand, psychiatre des coeurs

 

Hommage 🐚



















11 septembre, Complexe de l’Enseignement Slaïem Ammar, Hopital Razi, Tunis, Tunisie



 

L’hôpital Razi, sa direction, le comité organisateur, ses collègues, ses anciens apprenants, ses patients, ses compagnons de route des combats politiques rendent hommage à Professeure Samia Attya Galand, première femme psychiatre en Tunisie, partie au ciel des Immortels à la mi-juin 2025, en présence des siens, de sa fille Sophia Galand, des filles Attya, ses sœurs, de la famille élargie et des amis.

 

Et ce fut fort, riche et émouvant. Parce que la vraie richesse est celle de l’esprit, du don de soi, de la main tendue vers l’autre, des solutions de réparations scientifiques, mais surtout profondément humanistes et de l’immense humilité. 

 

Et Professeure Attya Galand les réunissait. 

 

 

Fille de feu Mohamed Attya, professeur agrégé d’arabe, premier directeur tunisien de Sadiki, en 1944, au grand dam de certains enseignants français de l’époque, Samia Attya est bien la descendante de ses parents, ceux-là mêmes qui plaçaient l’instruction au-dessus de tout, qui prônaient le savoir et le donnaient à voir comme la seule réalisation à concrétiser. 

Feu le père fut cité dans sa forte dimension pédagogique, l’injustice qu’il subit et la détermination de ses filles à laver l’affront et au livre réparateur, Mohamed Attya, Le Passeur de Lumière, d’Emna Attya Belkhodja, de paraitre chez Hichem Kacem, Ka’Éditions. 

 

Sur le chemin du retour, la plus jeune des filles Attya, diététicienne de profession et de renom, femme d’esprit et de cœur, femme de grande sensibilité déplora l’omission du souvenir de la mère, qui fut, elle, à l’origine de l’orientation de sa fille vers la médecine. Parce que les mères étaient à l’époque, sont aujourd’hui, immanquablement, le tremplin qui vous fait gravir la première marche vers la réalisation de soi et tout ce qui s’y attelle.

 

Écrire sur Samia Attya Galand - que je n’eus pas le plaisir de connaître et d’écouter - sur ce qu’elle fut jusqu’à la dernière goutte de vie, sur l’hommage rendu et les multiples témoignages, n’est pas chose aisée, tant il y a de la matière, tant l’émotion fut au rendez-vous et tant fille et sœurs, dans une dignité certaine, ont laissé transparaitre esprit de famille, solidarité, émotion et sentiment de perte. 

Et puis tellement de finesse d’esprit. Et là-dessus, la Tunisie peut être fière de ces scientifiques et de ces lettrés que l’on gagne à faire valoir et à inscrire au fronton de l’intelligentsia tunisienne. Nous sommes à une époque autre, peut-être, y a-t-il intérêt à consigner un passé-présent quelque peu différent dans sa formation académique, afin que l’on écrive, historiquement, un vingtième siècle qui fut brillant en Tunisie, chez les Attya, chez d’autres familles, des citoyens lambda, de très nombreux défavorisés sociaux qui ont eu le grand mérite de mener à bien, souvent excellemment, des parcours savants, riches, dans des domaines variés et qui, par ricochet, ont solidement contribué à la construction de la Tunisie d’alors.


J’ose, ici, et à la première personne, exprimer mon admiration de cet esprit d’alors, de l’engouement que mirent nos concitoyens à apprendre, à avancer, à réussir, à arracher à mains nues le mérite qui leur revint - et qui leur revient - de droit et d’une manière totalement justifiée. 

J’ose exprimer mon amour inconditionnel de la chose savante. 

 

« Si j’avais à concevoir moi-même mon extrait de naissance, j’y inscrirais indubitablement le nom de Samia Attya, » dit une de ses anciennes patientes, une Dame solide sur ses jambes, qui était dans la retenue, mais qui fut, jeune, désorientée, démunie et fragile. « Je n’oublierai jamais qu’elle me sauva, » ajouta-t-elle. 

Parce que l’être humain peut se retrouver à la croisée des chemins, dans la cécité, si ce n’était ces praticiens de la reconstruction. Forte émotion dans la salle et mes yeux s’embuèrent pour avoir vu des êtres démunis.

 

Sophia Galand, elle, dans un petit discours intimiste, révéla combien sa mère lui disait que nous étions "des êtres de doutes", des êtres de fragilités variables - et je reçus le propos dans sa dimension philosophique incontestable, moi, férue de philosophie. 

 

Et elle nous apprit d’ailleurs que les pratiques médicales psychiatriques, que prônait S. Attya Galand, se faisaient en équipe, avec les personnels de la santé psychiatrique, mais aussi avec les psychologues, les philosophes et que les patients étaient sollicités, dans une démarche innovante et participative. C’est ainsi qu’elle se tourna un jour vers un de ses patients et qu’elle lui demanda son avis. 

 

" Qu’en pensez-vous, lui dit-elle. 

Il la regarda et lui répondit : Personne ne s’est jamais soucié de mon avis."

 

Des êtres de petites douleurs, de grandes, de nœuds, de nœuds gordiens … Des êtres désaimés, oubliés, froissés, humiliés, cassés … C’est aussi cela la vie et j’ose le dire. 


 

Zeineb Attya, d’une voix très émue, dit combien son aînée - dont elle était très proche – était contre les pratiques asilaires anciennes. Combien l’empathie était importante à ses yeux, combien elle tenait à introduire les pratiques culturelles, les pratiques sportives, dans l’enceinte de l’hôpital psychiatrique.


« Mes patients, je leur faisais faire du volley-ball », lui disait-elle. 

 

S. Attya fit son entrée dans un milieu masculin à ses débuts à l’Hôpital Razi. Rapidement, elle privilégia le travail d’équipe, la réflexion de groupe, la bienveillance et la chaleur humaine. Une décennie plus tard, au Canada, elle fit ses preuves avec le même esprit et, intégrée dans un département juridico-légal, elle releva bon nombre de défis en travaillant sur les réseaux communautaires, la psychiatrie transculturelle, les tabous qui lui sont inhérents, avec la même dynamique et la même approche de l’humain. 

Révolutionner les pratiques psychiatriques et se placer au plus proche de l’humain. « Parce que nous doutons tous. Parce qu’il faut regarder les choses, les êtres et les situations dans leur globalité, qu’il faut s’interdire d’étiqueter et de juger. » dixit Sophia Galand.

 

Énorme démarche. Humanisme. Respect et amour de l’autre.

 

Dr Salem Brour, qui fut formé par elle, témoigna de sa générosité, de son esprit d’encouragement. Elle lui apprit, dit-il, la nécessité « de la discussion, de l’acceptation de la perception différente, dans le pragmatisme. »

 

Hajer Attya prit la parole. Elle se devait de dire combien sa grande sœur avait été disponible à tous en famille. Que « du fin fond du froid, elle revenait calmer les gens du Sud ». Du tremolo dans la voix, perceptible, mais elle poursuivit son témoignage en rappelant la compassion de son aînée à l’égard de tous et des plus fragiles. Elle fit une halte sur le sourire de sa sœur, «  vrai, authentique », sur sa générosité.

 Elle choisit de terminer son propos par des paroles d’alors : On est bien peu de choses … Et ajouta que " son amie à elle, et bien, c’était Samia ! "

La petite dernière, « malgré mes cheveux blancs » dit-elle, dans un trait d’humour. Une sensibilité à fleur de peau.


 

Dr Aziz Matri tint à remettre à l’esprit des présents le souvenir du père, feu Mohamed Attya, qu’il connut et toute l’œuvre dont il fut l’auteur pour Sadiki. Et plus tard, pour Khaznadar, l’établissement qui porte son nom, depuis quelque temps. 

 

Professeure Saïda Douki évoqua une histoire d’amitié, de trajets en auto, d’échanges divers et multiples. Elle dit la fougue professionnelle, de jeunes praticiens de ces années-là, emplis du désir de sortir la psychiatrie de la marginalité, des camisoles - si je puis dire à titre personnel. 

Son discours fut long, riche et historique. L’objectif ayant été - étant souhaitablement aujourd’hui - de faire progresser les pratiques, de les réformer, d’asseoir la compétence comme objectif premier. Elle dit l’importance de l’humilité, du respect dans le traitement des autres. Elle informa l’auditoire que Professeure Samia Attya fut la première présidente de la Société des psychiatres de Tunisie, elle, la timide, la praticienne à l’humour agréable et déridant.

 

Professeure Raja Labenne clama être l’héritière de Samia Attya, sans l’avoir connue, mais en ayant entendu parler de son sens de l’éthique, de son militantisme via un proche à elle. Elle rendit un hommage à feu Georges Galand, éminent psychiatre belge, époux de S. Attya. Elle narra d’une voix émue une rapide anecdote personnelle et la préférence de, feu son père, de la pédiatrie comme spécialité, pour éviter d’avoir à travailler avec « les fous ».

Un souci de père probablement et la crainte d’une carrière des plus difficiles humainement et sur le plan personnel.

 

 

Dr Mili, Dr Claudine Louzyr, Dr Yassine Ben Cheikh - qui choisit la psychiatrie sur les encouragements de S.A.G. - prirent la parole à leur tour et exprimèrent leur amitié, le vécu difficile avec les patients, les réunions institutionnelles, puis avec les soignants que prônait Professeure Attya, qui dirent-ils, était une praticienne qui « rassemblait les différents corps du métier de psychiatre ».

 

Vint le tour de M. Hechmi Ben Fredj, présenté par Sophia Galand, un activiste politique de Perspectives, qui rendit hommage à sa camarade d’alors dans une humilité rare et belle à voir. 


« Nous bouillonnions politiquement à l’époque, dit-il, dans les années 60, Charfi, Chemmari, Ouerdani … Et Samia était des nôtres. Nous pûmes lui rendre hommage de son vivant, il y a peu, nous les activistes perspectivistes d’alors. Paix à ceux partis, termina-t-il, j’ai beaucoup appris aujourd’hui. 

Touchant grand Monsieur et Sophia tint à son égard une attitude toute affectueuse.

 

Kahéna Attya insista sur la justesse des diagnostics de sa sœur. Elle raconta qu’elle détecta de l’hypertension chez une amie à la vue de ses pieds enflés, « parce qu’elle était rompue à de nombreux domaines de la médecine et qu’elle était d’abord médecin général ». Ce fut, tous examens faits, un cancer. 


( À ce moment-là, moi la super forte, je regardai mes pieds. Parce que mon angoisse latente s’exprima. Et d’ailleurs, Dr Labenne lors de son intervention, nous remit en tête les paroles d’Anne Sylvestre, dans sa chanson J’aime les gens qui doutent : 

J'aime ceux qui paniquent, ceux qui sont pas logiques, enfin, pas "comme il faut" 
Ceux qui, avec leurs chaînes pour pas que ça nous gêne font un bruit de grelot 
Ceux qui n'auront pas honte de n'être au bout du compte que des ratés du cœur 
Pour n'avoir pas su dire "délivrez-nous du pire et gardez le meilleur" 
)

 

Kahéna Attya tint à transmettre l’un des messages répétés de son aînée : le souci des autres, le souci des aînés sur le plan santé.

 

-    Samia répétait très fréquemment, la nécessité de protéger l’être humain, de veiller à sa santé. Et, surtout, de ne pas négliger ses articulations, nos articulations.

 

Et j’ajouterai de veiller à sa sérénité et à son équilibre. En Amont, d’abord.

 

Ce fut un moment fort, pour la mémoire de Samia Attya Galand, pour sa fille, pour son fils au loin qui ne manquera pas d’être informé de tout, pour sa famille. 

Ce fut une tâche assez ardue pour moi d’écrire ce texte, par amitié pour Emna, Hajer, Zeyneb, toutes les sœurs Attya, pour plusieurs raisons. Ce fut difficile de me rendre à l’hôpital Razi pour m’y être rendue, une fois, en accompagnatrice, et, j’y ai vu ce que l’humain a de plus noyant : la fragilité, la pathologie et l’impuissance de se ramasser soi-même.

 

Honneur aux praticiens, aux thérapies innovantes, à l’empathie et au don de soi. Beaucoup de psychiatres femmes à l’HR, honneur à elles et à tous. Et honneur, honneur aux Femmes de ce pays comme le dit fort, le jeune et haut responsable du Ministère de la Santé, M. Abderrazek Bouzouita.

 

Je crois, pour ma part, que la seule chose dont nous avons la certitude complète est bien la Vie. Quand on a la chance d’y être. Et je crois aussi que le plus essentiel est de la remplir, de bien la remplir, dans le partage. 

Je crois bien que feue Samia Attya Galand n’a pas manqué à sa vie.