Mer originelle et pudeur dans le travail du peintre R. Zeramdini
R. Zeramdini est le peintre de la femme, la femme colorée, dans son univers quelquefois, entourée d’autres femmes. Une recherche de la mère, sans doute, derrière ces femmes aux cheveux de jais.
Un peintre réservé, discret, introverti. Par pudeur. Oui, il y a beaucoup de pudeur dans le travail de Réjeb Zeramdini, une approche filiale de la femme. Un jeune homme le peintre R. Zeramdini, dans les années 80, peu communicatif mais non moins discrètement observateur. Je l’ai vaguement connu dans un contexte particulier et il continue aujourd’hui, à la cinquantaine, je crois, à être le même : un artiste digne et très peu bavard. L’art ne peut être hurleur, il s’impose par son expressivité latente.
Par ouï-dire, je le sais curieux de tout, de culture, de musique - il est polyinstrumentiste -, de savoir, d’intelligence livresque. Toujours dans la discrétion, il fraye son chemin dans les couleurs écarlates, les visages étonnés, interrogateurs. La peinture de R. Zeramdini est rarement individuelle, elle est souvent celle du groupe, des femmes. Ces couleurs et ces femmes sont la parole chez ce peintre discret.
Il raconte en touches picturales un univers féminin coquet où la gent féminine est fondatrice, où elle constitue un retour naturel et ombilical. Ces femmes aux cheveux nuit, aux lèvres rouges, aux immenses yeux noirs ou bleus sont-elles la réplique du monde impulseur de R.Z ? Peint-il sa propre mère, immense Dame, discrète et pudique, belle et vraie ?
Il semble que ses toiles soient l’image de cette mère nourricière et sage dans tous ses états. Peint-il l’éloignement ? Ensuite l’absence ? Si c’est le cas, jamais une génitrice n’est plus vivante ni expressive dans la parcimonie des mots mais dans la volubilité des coups de pinceaux et le dépôt de la matière picturale.
Homme de mer originellement, de plaines parce que les vicissitudes et les aléas de la vie s’imposent, homme de Carthage depuis plus d’un quart de siècle, R. Zeramdini continue son œuvre avec ses haltes et ses reprises, au gré de sa psyché. Il est heureux de le voir se dénouer, à chaque fois, d'émotions fortes, privatives et se remettre sur la voie chaotique mais combien existentielle de l’expression artistique.
Voilà un peintre vers lequel il faut aller parce que par pudeur il ne quitte pas son port personnel. Des femmes, des femmes et encore des femmes, fortes, observatrices, discrètes, aimantes, actives, présentes. J’y vois la mère, la mer, dans l’étendue de sa pureté, rien que la mère, la matrice originelle dénuée de toute petitesse.
Un travail qui vaut le détour, un Monsieur qui s’exprime en notes musicales et en touches picturales. Parce qu’il a fait le choix de communiquer via sa pudique sensibilité d’homme. Merci l’Artiste et le musicien.