mardi 1 septembre 2020

Le temps n'admet pas la parcimonie


CCP et Pnl
Paris, septembre 2019.





Delirium tremens

« J’ai très mal à la poitrine coach, des pressions intra-crâniennes et quand je marche, j’ai l’impression que les choses se font en dehors de ma volonté. Mon psy me dit que ce sont les effets des AD et qu’au bout de quinze jours, tout ira mieux. Je ne sais pas. L’éternel recommencement.

Je ne comprends pas tout ce qui se passe coach, pourquoi toute cette ruine sociale. Sur tous les plans. Je focalise trop dessus et ça me fatigue. Et ces immondices et ces déchets.

Et puis l’amitié. Quelle amitié ? Je vois des égotistes et du vide. Vide de cœur. C’est énorme à quel point je regrette. Oh là là ! Cette personne est épaisse humainement. Même à l’égard de sa propre fille. Elle est astreinte à elle-même par elle-même. C’est très loin.

Et puis, mon voisin dingo, qui en a après mes plantes. Comment peut-on rentrer dans un arbre avec sa voiture ? Il faut très mal aller dans sa tête. Je serai toujours respectueux de la nature moi, quel que soit mon niveau de confusion mentale. Cela, je le sais très bien. Au moins.

Oui, je suis confus. Ma tête explose. Mon meilleur ami que j’aimais comme un père et comme un frère est un vrai fou. Il gigote dans un monde immatériel. Une percée le matin et une autre le soir et tout le reste est une suite d’images, de flashs, d’obsessions. Mais c’est très vieux tout cela. Quelquefois, on se prend les pieds dès la première marche. C’est dur. Et c’est repoussant. Il a quand même été regardé un moment, c’était grandiose et vrai. Tant pis. 

Coach, quand une personne qui vous est chère fête son bonheur loin de vous, que faut-il faire ? Moi, je ne regarde pas par le trou de la serrure. Jamais. Je déteste le temps volé. Le temps n’admet pas la parcimonie. Vous trouvez que je délire ? Non. Mais les choses sont entassées dans ma tête. Il y a, là que je vous narre ma vie, comme une course-poursuite de mon trop-plein. Ma femme, je lui ai offert ma plus belle jeunesse, ma fougue, mon énergie constructive, ma créativité. 
Au réveil, debout, à donner. Et un jour, je me suis écroulé. Juste trois jours et je me suis relevé. Je ne voulais pas du luxe de la pause et je hais la procrastination. Je rattrapais la rupture de mes 16 ans. Tout vient de là. Ma femme a été unique à plus d'un égard. C'est vrai.

Angela ne me saisit pas, coach. C’est une dame bien mais elle ne me saisit pas. Elle ne s’inscrit pas dans la durée, elle. Elle croit en l’ici et au maintenant. Or, moi, je suis Antigone au masculin, je suis un descendant d’Œdipe, un personnage épique voire tragique. Je savais dès le départ que nos étoffes différaient mais elle avait une fraîcheur et une grande probité. J’ai toujours détesté les labyrinthes. Peut-être est-il temps que j’apprenne à peser. Beaucoup pèsent. Tous pèsent. Œdipe finit sa vie errant dans les rues de Thèbes, les yeux arrachés.

J’ai beaucoup aimé le personnage féminin : « J’envoyai mon mari chez ma sœur, elle s’en éprit. Follement. J’aime ma sœur, j’aime mon mari mais je m’aime aussi. Voilà le désordre où je suis. » 
C’est A de Té, Scène finale. 
Aie !
Dure la crise de confiance. Pourtant, mon seul ami, a quelques pépites au fond de lui. Enfin, il a fallu que je les voie.

Et puis JN, magnifique de folie géniale : « Tu es ma raison. Tu es toutes mes raisons. Il n’y a que dans les équations énigmatiques de l’amour que l’on trouve logique et univers »
Je crois que c’est cela. Pourtant j’ai dit hier à ma fille que l’amour ne me fait plus pleurer du tout. J’ai lu Olivenstein. Une crise. 

Je suis en crise ? Cela date coach. Je viens ici pour ne pas entendre parler de psychotropes. S’il vous plait, laissez-moi finir, je vous paye. Je sais l’argent est vulgaire mais c’est le prix à payer pour s’offrir une logorrhée. Je suis sensé. Quand même. »

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