mardi 22 septembre 2020

" C'est précisément ce qui me fonde ..."

CCP et Pnl

C., septembre 2020







« Je lui ai à maintes reprises dit les choses et j’ai l’impression qu’elle ne m’entend pas. 

 

Que veut-elle exactement Coach vous qui comprenez les silences ? 

 

Quand je l’ai connue, j’ai vu qu’elle subissait maltraitance et désaffection et cela m’avait fortement saisi. J’ai été empathique, affectueux. Je l’ai soutenue. Mais j’ai reculé à chaque fois qu’elle était dans son monde. 

 

J’ai avancé, de nouveau, parce que je suis fou de la mer et que j’étais resté très longtemps loin de ses vagues. C’est dur quand on a le pied marin, très dur. L’amitié a ses exigences, ce n’est pas du vent. 

 

Elle est dans l’obsessionnel Coach et dans le faux surtout. Et je trouve qu’au vu de ma nature, on devrait être un peu plus sensible à mon intégrité. Je suis un marin, cela suppose une éthique de navigation même en amitié. 

 

-       Ah bon, je suis trop entier ? Oui, oui, Coach, c’est précisément ce qui me fonde. En mer, il n’y a que moi et les vivants marins, de là vient mon principal trait. C’est la condition du bonheur vrai. Et je l’ai connu.»

dimanche 20 septembre 2020

L'ineffable

CCP et Pnl

C., septembre 2020



"Mais n’est pas intellectuel qui veut, cela va de soi. Un intellectuel pense le monde, pense tout, s’y attarde et construit lui-même ses croyances, ses convictions, SA pensée. Un intellectuel ne reçoit rien qui ne soit pensé sous toutes les coutures. Une énorme entreprise.  

 

On ne peut faire croire à un intellectuel ce qui est là depuis des lustres, aucun diktat ne prend racine dans son esprit. Son faisceau est puissant et ne laisse rien au hasard, à la tradition ou aux millénaires. Un regard incisif que le sien, une volonté indécourageable et l’indépassable nécessité de tout renverser. 

 

Autrement tout un chacun serait Spinoza, Diderot ou Comte-Sponville. 

 

La pensée n’est pas affaire de diplômes. Elle est d’abord détermination, curiosité, recherche libre, possession et construction de son système de pensée.

 

Je suis un être pensant dans un monde tellement en retard, tellement sous-tendu par une inflation, billevesées. On y pense peu. Les yeux y sont bandés d’un voile épais. Les mains molles et asservies. L’esprit enfumé. Ici, tous ou presque sont prompts à acquiescer, à gober, à suivre, à appliquer têtes baissées. Le moralement, religieusement, socialement et politiquement corrects. Une petite droite au-dessus de tout soupçon. Pourtant mensongère et fardée, souriante et joueuse.

 

Non, n’est pas intellectuel qui veut. La pensée a besoin de liberté en s’exerçant. Ainsi tout texte est scruté à la loupe. Parce que le penseur est philologue nécessairement.

Je me sens seul mais cette solitude m’est vitale. Mon regard transperce les êtres, les choses, les situations et les lignes. Les lignes, les lignes, toute une vie à suivre les lignes. Les phrases, les prédicats, les adverbes, les figures, les tournures, les  mots … 

 

Quand je laisse mes lignes, mes prédicats, mes substantifs … et que je m’immerge dans le réel, je vois ses limites castratrices. Le réel, lui-même, n’a d’intérêt que s’il est réinventé. Seulement, les outils sont onéreux et souvent inaccessibles à ceux qui ont froid, qui ne s’inscrivent pas dans la liberté, qui trouvent leur confort dans le Même. Oui, c’est précisément là que le bât blesse : le Même. Sa facilité, sa commodité, sa lisseur, son manque d’aspérité lui donnent un air irréprochable et avenant.

 

Ils aiment le Même, ils y vont et sont heureux d’y être. Ils sont nombreux à y être. 

 

Comment voulez-vous que je navigue parmi ses gonflés à l’hélium ? Ce sera à perte. Et c’est moi qui passe pour être un fou parce que je cite Héloïse et Abélard, Don Quichotte de la Manche et que je ne cesse de vouloir exprimer l’ineffable.

 

Me serais-je trompé d’époque, de contrée, de vrais vivants ?"  




samedi 12 septembre 2020

Quand les mots se terrent


CCP et Pnl
Carthage, septembre 2020






Il s’enfouissait la tête dans ses mains et disait avoir honte.

-       Honte de quoi ?
-       Je ne peux vous le dire. J’ai honte de moi.
-       Peut-être que de l’exprimer vous aidera.
-       Je ne suis pas ainsi d’ordinaire.
-    Vous avez honte, vous taisez votre honte et vous êtes votre propre juge, c’est lourd pour vous. Sachez juste que tout le monde commet des erreurs, que nous avons tous un peu honte de nos égarements et que de réagir est déjà une soupape. Vous avez honte, c’est bien. Reste à savoir si c’est vraiment répréhensible sachant que nous sommes des êtres imparfaits. 
-       Je ne sais pas. 

mardi 1 septembre 2020

Le temps n'admet pas la parcimonie


CCP et Pnl
Paris, septembre 2019.





Delirium tremens

« J’ai très mal à la poitrine coach, des pressions intra-crâniennes et quand je marche, j’ai l’impression que les choses se font en dehors de ma volonté. Mon psy me dit que ce sont les effets des AD et qu’au bout de quinze jours, tout ira mieux. Je ne sais pas. L’éternel recommencement.

Je ne comprends pas tout ce qui se passe coach, pourquoi toute cette ruine sociale. Sur tous les plans. Je focalise trop dessus et ça me fatigue. Et ces immondices et ces déchets.

Et puis l’amitié. Quelle amitié ? Je vois des égotistes et du vide. Vide de cœur. C’est énorme à quel point je regrette. Oh là là ! Cette personne est épaisse humainement. Même à l’égard de sa propre fille. Elle est astreinte à elle-même par elle-même. C’est très loin.

Et puis, mon voisin dingo, qui en a après mes plantes. Comment peut-on rentrer dans un arbre avec sa voiture ? Il faut très mal aller dans sa tête. Je serai toujours respectueux de la nature moi, quel que soit mon niveau de confusion mentale. Cela, je le sais très bien. Au moins.

Oui, je suis confus. Ma tête explose. Mon meilleur ami que j’aimais comme un père et comme un frère est un vrai fou. Il gigote dans un monde immatériel. Une percée le matin et une autre le soir et tout le reste est une suite d’images, de flashs, d’obsessions. Mais c’est très vieux tout cela. Quelquefois, on se prend les pieds dès la première marche. C’est dur. Et c’est repoussant. Il a quand même été regardé un moment, c’était grandiose et vrai. Tant pis. 

Coach, quand une personne qui vous est chère fête son bonheur loin de vous, que faut-il faire ? Moi, je ne regarde pas par le trou de la serrure. Jamais. Je déteste le temps volé. Le temps n’admet pas la parcimonie. Vous trouvez que je délire ? Non. Mais les choses sont entassées dans ma tête. Il y a, là que je vous narre ma vie, comme une course-poursuite de mon trop-plein. Ma femme, je lui ai offert ma plus belle jeunesse, ma fougue, mon énergie constructive, ma créativité. 
Au réveil, debout, à donner. Et un jour, je me suis écroulé. Juste trois jours et je me suis relevé. Je ne voulais pas du luxe de la pause et je hais la procrastination. Je rattrapais la rupture de mes 16 ans. Tout vient de là. Ma femme a été unique à plus d'un égard. C'est vrai.

Angela ne me saisit pas, coach. C’est une dame bien mais elle ne me saisit pas. Elle ne s’inscrit pas dans la durée, elle. Elle croit en l’ici et au maintenant. Or, moi, je suis Antigone au masculin, je suis un descendant d’Œdipe, un personnage épique voire tragique. Je savais dès le départ que nos étoffes différaient mais elle avait une fraîcheur et une grande probité. J’ai toujours détesté les labyrinthes. Peut-être est-il temps que j’apprenne à peser. Beaucoup pèsent. Tous pèsent. Œdipe finit sa vie errant dans les rues de Thèbes, les yeux arrachés.

J’ai beaucoup aimé le personnage féminin : « J’envoyai mon mari chez ma sœur, elle s’en éprit. Follement. J’aime ma sœur, j’aime mon mari mais je m’aime aussi. Voilà le désordre où je suis. » 
C’est A de Té, Scène finale. 
Aie !
Dure la crise de confiance. Pourtant, mon seul ami, a quelques pépites au fond de lui. Enfin, il a fallu que je les voie.

Et puis JN, magnifique de folie géniale : « Tu es ma raison. Tu es toutes mes raisons. Il n’y a que dans les équations énigmatiques de l’amour que l’on trouve logique et univers »
Je crois que c’est cela. Pourtant j’ai dit hier à ma fille que l’amour ne me fait plus pleurer du tout. J’ai lu Olivenstein. Une crise. 

Je suis en crise ? Cela date coach. Je viens ici pour ne pas entendre parler de psychotropes. S’il vous plait, laissez-moi finir, je vous paye. Je sais l’argent est vulgaire mais c’est le prix à payer pour s’offrir une logorrhée. Je suis sensé. Quand même. »