lundi 6 août 2018

Demain sera un jour d'énergie

"Je ne sais pas si je vis à la bonne époque, au bon endroit. Je ne crois pas. Pourtant j'aime mon pays, ma mer et le bleu de mon ciel.

En ce moment, je me trouve tellement seule, avec mes livres et ce besoin d'écrire.

L'univers de mes lectures est d'une beauté presque indescriptible, un univers que nous devenons rares à connaître : 45 et 46, les grands mythes revisités, l'homme dérouté et son besoin de croire de nouveau en l'Humanité, l'engagement et l'époque des grandes idées, militer aux côtés des Algériens pour l'impossible libération de leur pays par un colon fou du Petit-Paris ...

Un théâtre de l'absurde où l'homme disloqué veut à tout prix se reprendre et de nouveau se relever dans la dignité ...

Plus tôt, et dans la 1ère moitié du XXème siècle, cette mouvance, d'abord en colère, qui rasait tout artistiquement pour recréer et reconstruire. Tout mêler dans "le dérèglement de tous les sens" et produire des associations inhabituelles pour porter l'art, la sculpture, l'agencement des choses à la dimension artistique la moins classique et la plus interpellante.

Et puis tous ces fanas de la plume pour qui l'existence ne se peut mener sans les émois de l'écriture. " Ne fais rien d'autre dans la vie que ça : écrire." disait Queneau à Duras.

Je me sens seule dans cette époque pressée et laide de vacuité idéologique et intellectuelle. Ou peut-être suis-je au cœur de quelque chose que l'Histoire rehaussera ? Ces siècles passés que je me suis délectée à suivre, à saisir, à recouper ... Ce XXème si cruel et si puissant, si haïssable avec les pires génocides et si grand avec ces défenseurs de l'Humain et du Juste.

Je me sens seule à vouloir lier le présent au passé, à vouloir assouplir le présent au vu du passé sanglant et cruel des hommes.
Les mêmes erreurs, le même séparatisme avec en sus l'amour malade de la matière. Toujours plus fort, toujours dans l'écrasement du faible, toujours dans la détestation de ce qui n'a pas de valeur marchande.

Notre époque est-elle encore celle du livre ? Nos enfants sont-ils des enfants à l'imaginaire élargi par les récits ? Nos hommes et nos femmes s'aiment-ils toujours autour de textes phares, de textes d'amour, d'oubli et de rêve ?
Le mot dit, chanté ou transcris agit-il toujours comme une senteur marquante, future empreinte de notre mémoire ?

Époque laide, de violence idéologique, de retour à un besoin de soumission cyclique. Époque folle d'exploitation de l'ignorance de M. Tout-Va, être économique à commander, à faire avancer, à utiliser, à jeter ...
Époque de nuisances sonores, de mots creux, de personnes jetables et d'écrans aliénants où pour arriver, il faut obéir, ne pas réfléchir et abdiquer sa liberté.
Quelle liberté ? Qu'est-ce la liberté ?

Suis-je au creux d'une mobilité aveugle dont le mouvement est juste une animation ? Un réflexe de vie dénué de réflexion ?
L'Homme est fou : vérité de La Palice mais sa survie est en lui, dans l'usage de ce qui fait de lui un être de génie, son génie précisément. Est-ce le choix des gouvernants ?
Suis-je dans le creux d'une mouvance folle, éclatée qui ne me laisse pas voir celles-là et ceux-là qui œuvrent là et là-bas pour l'avancée de tous ?

Pourquoi les Voix de la structure et de la restructure sont-elles inaudibles ? Pourquoi un élan de tous n'est pas perceptible ? Est-ce la torpeur estivale ? Serait-ce l'oubli des Hommes des dimensions humaines, intelligibles, esthétiques ?

Une solitude de la tête qui vous rend fades les lumières, qui vous les rend insupportables car encrassées de poussière.

Demain sera un jour d'énergie. "

jeudi 2 août 2018

Regard d'outre-liens


Dans les murs nus de ce qui fut palpitant de Souffle et de Création, la demi-mesure n'a pas sa place.

Parce que la Passion s’est imposée d’elle-même comme seul vecteur de vie, aujourd’hui, le silence habille l’Espace, de mots et d’images.

Un choix que de taire une Voix de fulgurances nantie.

Belle musique que la tienne, insolente, fougueuse,
Des notes de désir parce que le Temps s’impose.

Et parce que le Temps est court
Le rire est un projet explosif

Accorder des pas, entonner encore la vie,
Bel ouvrage !

Si ce n’est la chute.

Rappelle-toi, l’Ontos.


















Mes chers Compatriotes, suivez-moi !



I.

Regard scrutateur, curiosité affichée, animosité aussi.

- Ecole étrangère pourquoi ? dit-elle d'un air rageur.


Elle se dirigea vers sa collègue, lui murmura quelque chose, l'autre leva la tête, pesa rapidement et se détourna aussitôt. 

Elle n'avait pas l'intention de considérer la demande ni l'attente de la jeune fille, 17 ans fraîchement bachelière.






II.

Réception, tickets de passage, des sièges d'attente. Une organisation visible. Quelques citoyens en tongs, un tout jeune homme en short ... 
Rien d'insupportable a priori ...


Au guichet, un préposé s'informe : numéro d'affiliation, noms, profession ...

La routine. Mais des regards lourds, du rire inexpliqué en direction de ses collègues à d'autres guichets. Ignoré.


Et puis, d'un coup, fusent des questions personnelles : comment ? Autant d'années ? Pourquoi ?


Le cœur bat plus fort et la tension monte. 


- Pourquoi cette familiarité svp ? Les yeux probablement tout rouges.





III. 

Au pied du Palais, un Bureau de Poste, guichet, un employé, désagréable d’emblée, sans raison aucune.
Vous le regardez, ticket en main, il est vacant. Il recule sa chaise à roue, cigarette aux doigts.

Je suis en pause.

Il ne l’était pas, décide de se mettre en retrait en vous voyant, il ne vous calcule pas. Il allume sa cigarette.

-       Non, vous n’avez pas le droit de fumer. C’est une administration.

-       Cela c’était avant.

-       Vous éteignez svp, vous n’avez strictement pas le droit.

Il l’éteint, se baisse vers son collègue et lui suggère à voix haute de se joindre à lui en pause, hilare, l’œil allumé. Il l’ignore.




IV.

Ministère, absence de six jours dûment justifiée, amputation d’une partie du salaire.

Investigations : adresse incomplète durant le congé. Après vérification, adresse complète, faux !

Palabres …


 « Formulaire rempli en français ! »


« Formulaire dans les deux langues et je remplis en français depuis 20 ans ! Il y a un problème-là ! Aucune circulaire ne l'interdit. »

Colère, revendications …

Ce sera corrigé, là, il est en voyage de noces, à son retour. Trois mois.

Enquête : préposé injecté dans l’administration dans la période phare. Inculte et profondément incompétent, psychologiquement aigri, ne supporte pas les langues. Et Intouchable parce qu’il a souffert.

Et bien, nous allons souffrir longtemps ensemble.


Besoin de psy national. Une administration violée, cassée, pourrie … pas toujours mais très souvent. Le syndrome Benalla : j’en fais à ma tête, je suis au-dessus, intouchable, venez me chercher, ici et là.

Je mourrai ici mais les miens aux semelles de vent n’ont pas le temps. Ils ont une autre perception, ils n’attendent pas.



« Ici c’est bien mais là-bas c’est mieux. »

























mercredi 1 août 2018

Forge

Paré des valeurs de l'oubli
Essai de peinture aux dimensions comme retrouvées
Plume hésitante
Est-ce à transcrire à l'encre divine au parchemin de sa vie ?

Le Scribe pesé y voit de la surenchère
Crises d'enfant hurleur en butte aux autres et à soi
Et puis, s'emplir de pierres.

Transcrire est un geste de vie réfléchie
Où la main allie la sagesse à la Folie.