vendredi 19 septembre 2014

Eva. IV.

IV.

Le sofa était élimé par endroits, la pièce sentait un parfum capiteux. Jusqu'aux murs, lui semblait-il. Une odeur atroce, suffocante. Dans un coin de l'exigu salon, un magnifique lampadaire, d'époque peut-être, avec un abat-jour en points de croix. Il donnait une allure de vieux film des années trente à tout l'espace. C'était à peu près la seule chose étonnante dans cette chambre de bonne perchée sur les toits, à part Elle.

Eva lui servit un verre de vodka, en prit un et le vida d'un coup. Elle était debout, devant la seule porte-fenêtre de la pièce et regardait la ville endormie mais en fait éveillée, silencieuse mais sûrement crépitante, douce et surtout explosive. Explosive comme la vie et explosive comme Eva. Pourquoi avait-elle amené cet homme chez elle ? Pourquoi n'avait-elle pas hésité à lui montrer la misère de sa chambre ? Il n'était pas de son monde, elle l'avait tout de suite vu. Ni de ses jours ni de ses nuits mais elle l'avait senti plus misérable qu'elle, bien plus, malgré sa distinction et son allure d'homme accompli financièrement. Plus même, d'homme de l'autre monde.

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