dimanche 21 septembre 2014

Les samedis d'O

Un môme vite grandi très certainement dans les remous de l'incompréhension. L'incompréhension, son terme propre. Et parce qu'elle savait - allez savoir comment !- les profondeurs labyrinthiques du questionnement, tout ce temps douloureux et perdu à vouloir pêcher dans les eaux sombres, vieilles et inexpliquées et je ne sais quoi encore, les samedis d'O vêtent désormais l'amour de l'autre, la main tendue, le mot-câlin doux et réparateur, le bâtissement des strates.
Laborieux, par à-coups quelquefois mais toujours devant afin que l'être prenne le temps pour ce qu'il est, une fuite. Afin que tôt l'on apprenne à l'innocence à se désencombrer. Afin que l'abord de chaque instant soit chargé de légèreté. Car seulement ainsi l'envol est libre, le rire clair et l'avancée forte des trébuchements qui se glissent malgré le filet.
Qu'importe les guerres, qu'importe les couacs, qu'importe l'obscur, qu'importe d'avoir mal quand on a son quart d'heure à remplir et à faire voltiger.
Les samedis d'O sont des moments de tendresse là où elle peut en donner parce qu'elle en a plein la tête, plein le cœur et pour faire voltiger son quart d'heure propre.
Strates par strates, sourire par sourire, ligne par ligne, mot par mot, gommer et gommer, décrypter et décrypter, du sens et du sens, du beau plein la tête sur une toile juvénile et belle.
O, de belles virées en perspective et la promesse de l'aube comme dit Romain !

vendredi 19 septembre 2014

Eva. IV.

IV.

Le sofa était élimé par endroits, la pièce sentait un parfum capiteux. Jusqu'aux murs, lui semblait-il. Une odeur atroce, suffocante. Dans un coin de l'exigu salon, un magnifique lampadaire, d'époque peut-être, avec un abat-jour en points de croix. Il donnait une allure de vieux film des années trente à tout l'espace. C'était à peu près la seule chose étonnante dans cette chambre de bonne perchée sur les toits, à part Elle.

Eva lui servit un verre de vodka, en prit un et le vida d'un coup. Elle était debout, devant la seule porte-fenêtre de la pièce et regardait la ville endormie mais en fait éveillée, silencieuse mais sûrement crépitante, douce et surtout explosive. Explosive comme la vie et explosive comme Eva. Pourquoi avait-elle amené cet homme chez elle ? Pourquoi n'avait-elle pas hésité à lui montrer la misère de sa chambre ? Il n'était pas de son monde, elle l'avait tout de suite vu. Ni de ses jours ni de ses nuits mais elle l'avait senti plus misérable qu'elle, bien plus, malgré sa distinction et son allure d'homme accompli financièrement. Plus même, d'homme de l'autre monde.

dimanche 14 septembre 2014

Putain de vie !

Putain de vie à vous faucher proches et amis. Encore une, jeune et belle et qui passa sa vie à étudier. Décrocher un doctorat au prix d'années d'abnégation et de travail. Hjr, la soeur de cœur, l'amie. Elles s'étaient connues à quatorze, quinze ans ? Rires et complicité et jamais rien que de l'amitié. Pas un seul mot en trop en trente ans d'amitié. Et l'autre qui martèle au quotidien la beauté de la vie, boire la coupe tant qu'elle est pleine, les étoiles pleins les yeux...
Une S... et rien d'autre. Comme si cela ne suffisait pas de voir partir ... voir rapetisser, sécher et rabougrir en prime. Une belle personne et une peau dorée et des yeux pétillants et une intelligence hors pair. Et bosser, bosser, bosser jusqu'à ne plus pouvoir garder l'œil ouvert... Du mérite cette belle personne, cette dame, ce sourire... Et ses mots résonnent à travers sa fille, j'ai besoin de toi mais je me reprends un peu et on se retrouve parce que, jusqu'au bout, on ne se voit pas mort, on croit à la vie, à sa vie et on veut être belle pour revoir ses amis...

 Et même pas pu l'accompagner par douleur et par jambes molles tout bêtement. Alors oui putain de vie et d'idéologies à la noix et de thèses bien carrées et de finitude et de grand patriarche. Du vide.