dimanche 6 novembre 2011

Wafi ou la médiodrité.


Pitoyable le Samir Wafi, discourtois, sournois, à la solde des gagnants et dans le sens du vent. Est-ce un journaliste ce journaleux, passé maître dans le qu’en-dira-t-on ? A vouloir piéger ses invités, leur couper la parole, les accuser, ne pas les écouter, les minimiser… ?
A-t-il seulement conscience de la petitesse de son attitude ? ANC a été égal à lui-même : élégant (intellectuellement), clair, posé et patient. Aucune commune mesure. Il dépassait de loin ce pseudo-journaliste qui fait dans le lèche-bottisme et la médisance. On l’a vu avec d’autres dans la complaisance et la servilité à peine masquée, à obéir aux ordres de son maître, propriétaire de la chaîne et autoritariste déchaîné sur la scène médiatico-politique depuis le 14 janvier. Le professionnalisme et la déontologie n’autorisent pas d’ordinaire un travail aussi médiocre. Et les journalistes provocateurs que l’on a pu voir, que l’on connaît en Occident principalement, c'est-à-dire dans les pays à tradition démocratique, sont des gens d’esprit, talentueux, qui savent manier la boutade et le calembour. Le S.Wafi a de la route à faire et de l’éducation à apprendre. Bravo à ANC d’avoir su jusqu’à la dernière minute lui inculquer quelques règles éthiques de base !

samedi 5 novembre 2011

Billets d'humeur 2, 3, 4, 5, 6...


Le résultat des élections a choqué beaucoup d’entre nous. Et puis il y a cette morosité et ces pluies diluviennes. Ce n’est pas tant un état d’âme, c’est la déroute et puis la chute de moments forts, intenses de convictions. Le peuple tunisien ! On y a cru et on continue d’y croire en dépit de la déception transformée en un second temps en réalisme obligé.
Des moments forts de liberté ivre, le soulagement du NON contestataire. On n’avait jamais vécu cela. Le peuple exception, la Tunisie unique. Et puis la victoire des islamistes et la honte du doigt bleu. Une vraie honte et un doigt laid au point que l’on se sente vidé de l’intérieur. La femme tunisienne libre ne s’est jamais sentie menacée. Elle a porté sa liberté comme une prétention due. Fierté et arrogance quand il le fallait. Certains pères libres ont largement contribué à cela. Et on leur sera à jamais redevables. D’où par ailleurs l’obligation du combat.

Qui l’eût cru ? La Tunisie se noie dans le conservatisme ? Il y a deux peuples : celui qui revendique une dignité et un mieux-être et celui qui s’en remet aux mains de Dieu. Ce n’est pas le même son de cloche. Est-ce la cécité des démocrates ou est-ce la même pâte que ces deux-là ? C'est-à-dire qu’ils hurlent leurs insuffisances d’une même voix et avec force conviction et qu’au final ils se laissent récupérer par manque de capacité à continuer, à proposer et à construire ? L’Islam est la religion de tous en Tunisie ou presque. Il n’a jamais été menacé, ni contourné. Il ponctue nos vies et nos saisons. Et puis, quatorze siècles sont inébranlables. Alors neuf ou dix mois ! Faux problème. Et c’est là que les désillusions font encore plus mal. Les jeux sont faits, les dés sont jetés, tout est pipé. Alors le délire de grand peuple et de grand mouvement ! Plutôt l’effet pschitt et la déconfiture de se savoir sans liberté réelle et effective.

Les démocrates n’ont jamais considéré les islamistes. Ils les voient du haut de leurs convictions comme des petits qui s’agitent dans tous les sens, mus par leurs frustrations multiples. Or les petits ont grandi - sans maturation il faut le dire, ce qui fait d’eux des nerveux par ailleurs - ont été nourris de l’extérieur et sont aujourd’hui aux commandes, fort heureusement avec d’autres. Il y a comme un air de RCD, un fonctionnement obscur et souterrain soutenu bien entendu. Les Américains gèrent nos vies en réalité, les planifient sur la durée et pour cette fois, la balle est dans le camp islamiste, une façon de régler le problème en le regardant droit dans les yeux. Cela devrait rassurer à côté de faire enrager. Des garantis ont été données et de toute façon l’oubli des accords c’est le désormais célèbre « Dégage » spontanément orchestré ( ?!) dit-on, en catimini.

Nous n’avons jamais compris le voile, nous nous obligeons à comprendre. Mais rien n’y fit. Probablement parce que nous voyons la femme comme citoyenne et jamais autrement. Contrairement aux islamistes qui ne la voient que comme un sexe. Or le sexe relève du strict privé et c’est malsain de focaliser là-dessus. Aucun homme n’aura de l’ascendant sur nous, le mot de la fin sur nous et ceux que nous aimons et que nous choisissons nous sont chers précisément parce qu’ils voient en nous des êtres humains à part entière c'est-à-dire des êtres libres d’abord et avant tout, tant la définition de l’être réside d’abord dans sa liberté. Pour ce qui est du religieux et du rapport au divin, nous revendiquons haut et fort une intimité et la non intrusion de qui que ce soit, quelle que soit la longueur de sa barbe puisque le degré de piété se mesure à cela.

Au plus près du personnel une femme dont le grand-père était un Cheikh descendant d’une lignée de cheikhs, un nom synonyme de piété, de respectabilité. Il allait jusqu’à refuser des petits cadeaux de sa propre fille se disant que peut-être son époux n’en avait pas été avisé. Un dignitaire né aux confins du XIXème, inconditionnel du Prophète et admirateur de Bourguiba. Penseur, il poussait la réflexion fréquemment et avait du mal avec les notions de prédétermination, de prédestination et de destin. Il mettait en avant la conscience et le choix de l’Homme. De même, il prônait la discrétion dans l’application de la religion, l’intimité totale. Des cheikhs d’un autre temps. Ils furent les premiers à envoyer leurs filles à l’époque, faisant fi du qu’en-dira-t-on et des règles de bienséance en invoquant toujours les préceptes coraniques et l’importance du savoir. Que faire de ces personnes précieuses dans nos legs personnels, de leurs empreintes modernistes sur nous, de leurs principes d’intégrité et de respect de soi ? Les brader contre les cheikhs de pacotille qui instrumentalisent le religieux à des fins personnelles et par avidité de l’exercice politique ?