dimanche 21 janvier 2018

Dharma Myriam Zéramdini, entre art et écologie.











Dharma Myriam Zéramdini est venue au monde dans les environs du Zoo de Tunis, en face quasiment. Elle, l’enfant de la mer. Pourquoi ? Un appel des bêtes ?

Petite, elle voyait le jour en couleurs sous le pinceau de Dieu et la nuit en noir parce qu’il fallait bien que Dieu se repose. Pensées d’une enfant logique qui croyait et qui croit en la valeur besogne.
Elle fit sa première baignade à 7 jours dans un pays au bleu unique et, à une heure de vie, elle se releva sur ses bras et regarda sa génitrice de ses grands yeux bleus. Cette dernière sortit de sa chambre de clinique dans un effroi total.

Très tôt, l’enfant montra des capacités à tout voir en 3D, les êtres, les choses et même les situations. Grande lectrice, rêveuse aux yeux immenses, sensible aux bêtes et aux êtres démunis, elle soigna une semaine entière un oiseau blessé par Charly, son pékinois à la langue bleue, et offrit de l’argent à un Monsieur digne qui lui expliqua qu’il était, c’est vrai, juste vieux. Quatre ans.

Très tôt, elle fut happée par le désir de faire les choses : inventer, fabriquer, noircir des carnets de dessin - vieilles poêles revisitées, murs tagués, cubes peints, parchemins, sculptures, portrait russe … - et dans tous ses « faire » la musique était l’accompagnement indépassable. Elle fit sa Première expo au Barcello, elle avait quinze ans.

Par tous les temps, elle squattait son jardin, à même le sol à peindre, tout y passait et il valait mieux avoir pris le soin de ranger sa brosse à dent, à cheveux … C’est que pour l’adolescente d’alors, la création justifiait tout.

Très tôt, elle s’éprit de Louis de Funès, de David Goodis, de Miyazaki, de Dali, des architectures romane et gothique des églises, de documentaires sur la nature, de vieux vêtements « à fort potentiel »… Un jour, elle peignit un transparent et répondit à la curiosité d’une proche peintre amateur : « que les choses venaient d’elles-mêmes sans qu’elle ait toujours des explications rationnelles ou techniques à donner. »

Une fois ses études d’art achevées - elle ne jugea pas utile de faire la 6ème année par détestation du quartier de l’institution jugé peu dynamique, architecturalement et esthétiquement – et parallèlement à un petit boulot d’assistante d’éducation dans un établissement étranger, le sien, elle se lança dans un projet de coopération avec H.Azzouz, La Maison de la Plage et ce fut Agartha, conséquence directe de son végétarisme et de son sens hypra sensible de l’écologie. Elle peignit l’extérieur de la galerie et nous vîmes un peintre en bâtiment gracile et fin qui avait plus d’un mètre de cheveux flamboyants et de grands yeux verts. C’est que Dharma est d’une beauté rare. Mais aussi d’une sensibilité exacerbée.

Le tatouage artistique est une expérience qui coïncida avec le départ de l’homme de sa vie : son géniteur, un intellectuel politisé, artiste, scribe lui aussi - comme sa génitrice - et homme de principes d’un passé révolu. Elle se fit graver sur sa chaire son époque d’éclosion. La chaire de sa chaire. Ce n’était pas rien. Et de là, Dharma réserva un été à un stage de tatouage professionnel et rêve, depuis, de ne plus ancrer ( encrer ) que ses créations à elle.

Professeur d’art, elle accompagne des apprenants pétris de rêves à concrétiser leurs désirs artistiques. Leur idole : libre, intelligente, lumineuse, elle a réponse à tous leurs projets et opte pour un langage didactique accessible et jeune comme eux et comme elle.  Magnifique de surcroît. Dharma nourrit et se nourrit d’humanité toujours plus grande et d’expériences de vie édifiantes.

Elle choisit une rue animée pour installer son atelier, ghetto d’artistes jeunes, loin des aires de luxe, La Marsa : bruits d’enfants, de femmes et d’hommes qui montent vers son sanctuaire à elle. Créer au milieu du brouhaha, présence d’un absent, génitrice au bout du fil, jeune sœur pétrie à Louis de Funès, frère-ami ponctuel et incontournable, chienne sur skype s’il le faut et puis dans ce café suranné, avec vue directe sur Féthia la Chamelle, un vieux Monsieur non-voyant, inépuisable de savoir, polyglotte et tellement positif quant à l’avenir :  Néjib « Ghandi », un personnage pittoresque qui a l’oreille, la considération et le profond respect de Dharma Myriam Zéramdini qui mène sa vie d’artiste hors norme, rondement,  de ces petites choses de la vie qui vous chargent d’énergie, d’espoirs, de réponses … Et puis périodiquement un retour vers la mer pourvoyeuse de tous les sens et de de toutes les inspirations, mer de son chez elle originel, d’enfance, d’humus et de passé insaisissable.

Dharma, une artiste qui se fraie un chemin à sa manière et sans tapage aucun, une jeune femme fine à suivre impérativement.

https://www.instagram.com/dharmamyriam/?hl=fr