mardi 27 août 2013

Plume frêle et respiration chaotique.

Billet d'humeur 1.

J'ai rêvé ma Tunisie en étoile et ce fut un rêve.
J'ai rêvé mon pays libre et la liberté, du coup, prit des rides. Et la liberté devint interdite. Et la liberté s'offusqua et prit ses distances.
La gestation est difficile et le désir fou.

Billet 2.

Ecrire est respiratoire et l'été a été étouffant. Qu'écrire quand on est dans l'incompréhension ? Qu'écrire quand cela s'amoncelle : de tout, de rien et de n'importe quoi ? Qu'écrire quand les lignes se mêlent et que la vue s'obscurcit ? L'Histoire trépigne. Du reculons et du reculons, des embardées, des frictions, du temps qui part, du temps jeté et à ciel ouvert des immondices. La plume est frêle et le corps tremblotant, les yeux ouverts et l'esprit en bataille.

Billet 3.

Elle se trouvait dans une grande surface - parce que  la vie n'est pas que plume et que la caissière est rassurante - quand il la toisa du regard. Elle lui fit face et le transperça des yeux. Pas un mot, mais une situation inattendue et irrecevable. Il fit diversion et elle s'en trouva quelque peu soulagée. La Tunisie post-révolutionnaire où on tente de brimer, où on est prêt à en découdre. Parce que la liberté ne se rationne pas.

Billet 4.

Elle est dans l'eau, l'océan, une matrice vivifiante qui t'enveloppe de ses bras et, tout, part. Une légèreté et des odeurs indescriptibles. La mer, un univers sien et tellement de compréhension. La tête immergée, le corps en confiance et d'un coup, une drôle de connexion, l'intimité d'une vérité, d'une laideur, un saisissement de la chose et de son contraire, la vie est un point de fuite. Elle ose espérer que c'est l'oreille interne. Décidément, rien de tel que le physique pour rassurer.

Billet 5.

Les réseaux sociaux sont curieux. On connait un tas de gens mais on les connait tellement bien que c'est presque indécent quand on est un minimum pudique. SBA par exemple est un mélange de démocrate pur jus, un activiste d'une générosité sans égal, un humaniste rien qu'à son métier et un mec un brin sexiste dès qu'il baisse la garde ! La "nana", il l'appelle quand il discute entre mecs, sur la toile, et, en présence de ces Dames !!
Et puis BBC, d'accord, elle a choisi de mettre le voile, c'est son affaire, mais une psychologue qui croit au "non", qui le cautionne et l'appuie, comment va-t-elle pouvoir prêter main forte aux autres d'autant que son "moi" domine et EST visiblement inattaquable?
N. laisse couler à travers ses statuts, tout l'amour qu'elle éprouve pour celui qui semble être l'heureux élu de son coeur, sa présence, ses absences. On en vient à détourner les yeux et je me limite aux écrits.
NBS est démocrate, cela ne fait pas l'ombre d'un doute, c'est un homme d'honneur c'est évident mais il commence à penser que la politique pourrait aussi vous ouvrir des portes et bien des portes...Il se frotte les mains et j'aimerais le lui dire, cela s'entend...
C'est un groupe, son nom est séduisant, du goût et un sens artistique très développé, des connaissances et de la culture et une gymnastique auto-imposée pour éviter d'être taxé d'athéisme, la Tunisie n'autorise pas tout, pas encore.

Billet 6.

Tout le monde parle de boycotter, tout le monde a, plus tard, commenté, tout le monde - ou beaucoup - ont regardé. J'ai regardé, je n'avais pas l'intention de boycotter. Je voulais ne rien rater des micros expressions.
"Le cheikh" était plutôt "look Monsieur", costume gris anthracite, chemise blanche. Du neuf. Un dentier tout flambant et pour les rares authentiques un détartrage énergique. Le staff de la com' a bossé, c'est visible. Des sourires en voici en voilà et même, cerise sur le gâteau, de l'humour. Oui, de l'humour. "Je vous rassure, je ne me présente pas ( et, à l'adresse du journaliste ), au cas où vous auriez envie, vous, de le faire !".
Il faut avoir suivi "le cheikh" pour y voir un humour jamais imaginé de sa part. Le monsieur vient des siècles les plus reculés. Autre nouveauté, les mains, leurs mouvements qui appuient les propos, des mains qui se veulent calmes, sages, rassurantes. Les doigts se croisent et se décroisent, les mains se joignent et se séparent. Le regard se veut bienveillant mais s'oublie quelquefois et quittant le champ des verres correcteurs, il devient inquisiteur et même, à un moment, rejetant toute contradiction. Le discours est tout en pardon, il se veut rassembleur, ouvert, dans l'invite de l'autre. Le maître-mot : la démocratie, le modèle tunisien, l'exception. Le ton se veut doux, l'homme veut garder son nom dans les belles pages. Plus d'une heure de mots et rien en réalité, à part, une reconnaissance de Nida, une décision de partage avec Nida. Deux politiques, plus de 165 ans à eux deux et une Tunisie qui a une moyenne d'âge de vingt ans. Je crois en la maturité mais je crois aussi et surtout aux idées nouvelles.
Bien que l'équipe com' ait, à coup sûr, galéré pour arriver à donner un change qui se veut "moderne", le monsieur étant dominé par le cheikh, il eut des "mon fils" à l'adresse du journaliste, des tournures longues de 4 mètres, des redites et des redites,des interruptions du journaliste avant la fin de la question, du grand-paternalisme et de l'absolution ( j'ai lu par la suite que le retrait de la plainte contre S. Bettaieb n'en est pas un puisque RG aurait perdu le procès, l'information est à vérifier. ) et d'innombrables "ceci est faux" tous pleins de sourires de bonté.
C'est RG "new look" qui regarde la caméra et lance des appels. A part la stratégie sous-jacente, le partage avec BCE, il y a quelque chose qui laisse sentir une fin prochaine de RG et pas que politiquement. Forte intuition.

Mais dans tout cela, où sont les femmes, où sont les jeunes ? Le problème de la Tunisie est-il d'ordre religieux ? Qu'est-ce qu'un cheikh devant les impératifs économiques ??